La bien nommée « plus grande démocratie au monde », l’Inde, est en campagne électorale pour des élections qui se termineront en juin. Peut-être une opinion de païen, mais la fausse tête de grand-papa gâteau qu’ils ont comme premier ministre, Narendra Modi, je la prends pour de la graine de despote.

Je sais, je ne vous apprends rien, je tombe dans la facilité ici…

Sans surprise, les presque 1,5 milliard d’habitants de ce pays me répondent : « Hamen paravaah nahin hai ! » Traduction : « On s’en fout de ton opinion, mon gros gérant d’estrade d’amour », comme le dirait Sam Breton.

L’Inde est Modi, et on est bien ainsi !

Que le grand Krishnamurti vous entende, les enfants.

L’Inde, c’est près de 40 fois la population du Canada, mais dans 3 fois moins grand ! Quand je pense aux petits bourgeois de chez nous qui finassent et tentent de nous culpabiliser avec la densification sauvage… Un petit tour de pédalo sur le Gange ne leur ferait pas de tort.

Détail morbide, on y vit en moyenne 15 ans de moins qu’au Canada. Méchant argument pour monsieur Dubé sur l’efficacité de notre système de santé !

Une coalition d’une quarantaine de partis de l’opposition vient de naître là-bas pour faire face au premier ministre actuel : une bouillabaisse qui va de l’extrême droite aux factions religieuses en passant par des communistes. Je vous laisse imaginer le bordel.

Tout ça pour déloger Modi, en place depuis 10 ans, et qui veut un troisième mandat. Selon les derniers sondages, son parti, BJP, en français le « Parti du peuple indien », serait crédité des deux tiers des 453 sièges en jeu. Très fort, mais chanceux, monsieur Modi, Paul St-Pierre Plamondon n’était pas inclus dans le sondage…

Modi ne fait pas une mauvaise job chez lui, bien au contraire, il a embrassé le libéralisme économique à plein et ça fonctionne incroyablement, et personne ne conteste son empreinte sur les résultats. Ce pays pourrait devenir la troisième économie mondiale en 2030 : c’est demain.

Mais, surprise, il semblerait que les riches deviennent plus riches, et que les pauvres vivent une grande stabilité, c’est-à-dire qu’ils restent pauvres. On dit que Modi honnit la social-démocratie. Toute est dans toute…

N’empêche, 80 % de la population aurait une opinion favorable du maharaja indien, aux dernières nouvelles. À faire pleurer d’envie Justin et monsieur Legault.

Le problème, c’est juste qu’on sent Modi limite, que le système de gouvernance indien semble l’énerver, et qu’il a la démocratie approximative.

Bien sûr, il ne faudrait pas toujours se fier aux maudits fatigants d’Amnistie internationale, qui parlent de la répression des droits de la personne envers les organisations nationales qui ne seraient pas toujours d’accord avec lui. Mais tout d’un coup qu’ils auraient raison, à Amnistie, encore une fois.

Et je vous épargne le trouble maudit que ce premier ministre fait subir à ses opposants politiques.

Mais les dirigeants du monde démocratique ferment les yeux sur ses travers autocratiques et lui baisent le gros orteil, pour des raisons économiques, comme autant de maquignons internationaux.

Ils ne veulent surtout pas se faire répéter que l’Inde se classe 161e sur 180 pays dans le classement mondial de la liberté de la presse.

Bien que poli avec ces messieurs dames républicains, au sens français du terme, on a l’impression que Narendra pourrait avoir un gros fun noir à s’organiser des vacances avec Erdogan de la Turquie et Orbán de la Hongrie.

Et même en se réservant un petit week-end à Sotchi, avec ce joyeux luron que semble être Poutine, et chasser en bedaine, comme Vladimir aime tant le faire.

Ou avec Xi Jinping, le prez chinois, qui pourrait le recevoir dans sa modeste demeure de Pékin (Beijing), dans le coin de la place Tiananmen. Je les vois d’ici y faire une marche de santé après le souper, avec l’ami Jinping détaillant l’efficacité multiséculaire de la méthode chinoise de nettoyage des lieux publics.

Cela dit, le party pourrait être plus difficile à réchauffer, parce que les relations avec la Chine seraient actuellement compliquées. Tout le contraire de la Russie, que Modi n’a jamais chicanée depuis l’invasion de l’Ukraine, et de qui il achète toujours du pétrole et des armes.

La position géopolitique stratégique de l’Inde pourrait être utile à bien des dirigeants politiques occidentaux qui souhaitent voir l’Inde contrebalancer les visées ogresques de Xi dans l’ordre mondial, et servir éventuellement d’intermédiaire avec la Russie, parce qu’il faudra bien qu’on recommence à se parler un jour…

La diplomatie est prévoyante, et n’a pas de sentiments.

Au surplus, il est toujours à propos de se faire chummy chummy avec un pays qui possède un gros pétard comme l’arme nucléaire.

Modi ne serait pas un grand admirateur de Gandhi, à qui il imputerait l’erreur historique de la création du Pakistan. Sa détestation des musulmans est de tout temps, et son agitation militante à cet égard est légendaire.

Alors qu’il dirigeait le gouvernement régional de l’État du Gujarat, dans son pays, il aurait fermé les yeux sur un pogrom antimusulman chez lui, qui a fait environ 2000 morts.

Ça ne vous rappelle pas quelque chose de très actuel ?

Les manipulateurs sont parmi nous…

On se dit finalement que le système politique hérité des Britanniques, qui ne met pas de limites au nombre de mandats d’un premier ministre en Inde, est une bien bonne chose.

Autrement, Narendra aurait sûrement payé un verre à Vladimir et à Jinping, pour connaître leurs trucs afin de faire « évoluer » les constitutions de leurs pays, et éterniser leurs mandats.

Entre nous

À la suite de ma chronique de la semaine dernière, « Auschwitz et l’effet papillon », merci aux lecteurs qui m’ont fait découvrir le terme « uchronie ». Juste pour ça, ça valait la peine de se lever ce matin-là. Et également à beaucoup qui m’ont recommandé le roman d’Éric-Emmanuel Schmitt La part de l’autre. Mon libraire indépendant est sur le cas.

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