Les biais cognitifs sont aussi inévitables qu’insaisissables. À moins de se comporter en détective et de soumettre ses pensées erronées au tordeur, comme permet de le faire la psychothérapie quand elles font voir la vie en noir. Voici 10 façons de relever ce défi, qui requiert temps et recul.

Lisez « Biais cognitifs : comme des lunettes déformantes »

1. Accepter qu’être biaisé fasse partie de notre condition humaine et que ni l’intelligence ni l’instruction ne nous en préservent en toutes circonstances.

2. Comprendre que sonder nos pensées n’est pas fiable, l’introspection ne suffisant pas à révéler des processus automatiques et inconscients.

3. S’informer sur les contextes d’apparition des biais et les manières de les reconnaître et les combattre.

4. Avoir la curiosité et la souplesse de s’exposer à des avis contraires, en fréquentant ou en lisant des gens qui ne raisonnent pas comme nous.

5. Cultiver le doute, se renseigner pour valider ou invalider les informations reçues.

6. Rechercher les nuances plutôt que de céder à la tentation de sursimplifier.

7. Redoubler de vigilance dans les situations d’urgence ou fertiles en émotions.

8. Considérer avec sérieux des croyances ou positions différentes des nôtres. « Penser, c’est comparer », indique une mosaïque dans une station de métro de Nuremberg, en hommage à celui qui a fait cette déclaration, l’écrivain et homme politique allemand issu d’une famille juive Walther Rathenau, assassiné par l’extrême droite en 1922.

9. Demander à des personnes de confiance s’il leur semble que des biais dictent nos pensées, décisions ou comportements.

10. Accomplir ce que le neuroscientifique français Olivier Houdé appelle « penser contre soi-même » dans un de ses livres, en nous servant de notre cortex préfrontal, une région cérébrale évoluée, capable d’inhiber des pensées et des comportements inappropriés, et de détecter des erreurs.

Aussi imperceptible que le souffle

Les biais cognitifs ont un point en commun avec l’haleine buccale. On perçoit celle des autres, contrairement à la nôtre, qui nous échappe entièrement (et vice versa). Qu’on le veuille ou non, notre cerveau se refuse à discerner l’odeur de notre souffle. Nos neurones s’adaptent à nos senteurs corporelles et en font abstraction, pour que ces dernières n’empêchent pas notre nez de déceler les fuites de gaz, les incendies ou les aliments avariés. Seul un avis extérieur permet de découvrir la réalité. Ainsi en va-t-il bien souvent des biais cognitifs, dont on reconnaît difficilement la présence chez soi, malgré tous nos efforts d’introspection.