La langue française évolue à une vitesse folle. Chaque semaine, notre conseillère linguistique décortique les mots et les expressions qui font les manchettes ou qui nous donnent du fil à retordre.

Novembre est donc le mois des morts (dans le calendrier liturgique chrétien).

La mort occupe une place importante dans un quotidien puisqu’un journal se consacre en grande partie à l’actualité. Il y est souvent question de morts tragiques, violentes, subites.

On emploie différents termes pour désigner le corps humain après la mort. On parlera bien souvent d’un corps repêché ou de la découverte du corps inanimé d’une victime, c’est-à-dire d’une personne « qui a perdu la vie ou qui a perdu connaissance ». On a retrouvé le corps de la victime dans un bois.

Le mot cadavre, qui est aussi fréquemment utilisé, vient du latin cadere, qui signifie tomber. Il est de la même famille étymologique que le verbe choir. Il désigne un « corps mort, surtout en parlant de l’être humain et des gros animaux ». Enfouissement des cadavres d’animaux morts à la ferme. L’assassin s’est débarrassé du cadavre. Dans ce dernier cas, le Petit Robert souligne qu’on lui préfère souvent le mot corps, jugé moins brutal.

Il s’agit néanmoins d’un mot que l’on est susceptible d’entendre dans un procès pour meurtre, par exemple. La lividité, la rigidité du cadavre. Lividité, pâleur, rigidité cadavérique.

On emploie également le terme dépouille (mortelle) pour désigner le corps humain après la mort. Certains préfèrent réserver aux animaux le mot dépouille employé seul et utiliser plutôt le terme dépouille mortelle lorsqu’il est question d’une personne, une nuance qui a été peu respectée à la mort de la reine Élisabeth II, fait remarquer l’ancien chef-correcteur du Monde, Jean-Pierre Colignon, sur son blogue. La dépouille mortelle d’Élisabeth II a quitté Balmoral pour Édimbourg, début d’un voyage qui permettra aux Britanniques de faire leurs adieux à leur reine.

Le mot restes s’emploie également pour désigner, notamment, le corps d’une personne enterrée depuis longtemps, ce qui a déjà choqué des lecteurs qui avaient fait le rapprochement avec les restes d’un repas.

Ce terme n’a cependant rien d’irrespectueux et on le trouvera en ce sens dans tous les grands ouvrages de référence. Un reliquaire contenant les restes d’un saint. Trouver, recueillir, inhumer les restes de quelqu’un. Des sacs contenant des restes humains découverts à Mexico. Les restes de deux surfeurs australiens identifiés au Mexique. Une randonneuse découvre des restes humains.

Courrier

Comment remplacer « à l’effet que » ?

Des journalistes, des chroniqueurs et des avocats utilisent l’expression fautive « à l’effet que ». Il faudrait dire « selon laquelle ou lequel », etc. Pourriez-vous donner des exemples ?

Réponse

La construction « à l’effet que » est critiquée par de nombreuses sources qui la présentent comme un calque de l’anglais « to the effect that ». On peut facilement la remplacer par des équivalents français — afin de, selon lequel, en vue de, voulant que – qui permettent aussi d’écrire des phrases plus fluides. On la réserverait à la langue juridique.

Différentes formulations sont donc possibles pour éviter d’écrire « des rumeurs à l’effet que », par exemple. Des rumeurs circulent selon lesquelles un homme est entré dans l’immeuble. Selon des rumeurs qui circulent, un homme est entré dans l’immeuble. Des rumeurs laissent entendre qu’un homme est entré dans l’immeuble. Les rumeurs voulant qu’un homme soit entré dans l’immeuble sont fausses. Des traces de pas indiquant qu’un homme est entré dans l’immeuble ont été relevées, assure-t-on. Les inquiétudes grandissent quant au fait que des rumeurs pourraient être colportées. Une enquête révélant qu’un homme s’est introduit dans l’immeuble a suscité l’inquiétude.

Vous avez des questions sur la langue française ? Posez-les à notre conseillère linguistique. Elle répondra à une question chaque dimanche.