La langue française évolue à une vitesse folle. Chaque semaine, notre conseillère linguistique décortique les mots et les expressions qui font les manchettes ou qui nous donnent du fil à retordre.

On confond souvent les constructions impersonnelles avec le verbe aller « il y va de » et « il en va de ». Ces deux locutions verbales sont correctes, mais elles n’ont pas le même sens.

Le plus souvent, c’est la tournure « il en va de » qui est mal employée, à la place de « il y va de ». Peut-être parce qu’elle nous est plus familière. On peut donc déjà se méfier quand on a la tentation d’employer en dans sa phrase. Il se peut bien qu’on se trompe.

De façon simplifiée, on peut dire que la première formulation exprime un enjeu ou évoque un danger et est suivie d’un substantif. Il y va de la sécurité de toute la population et de notre démocratie. Si on peut remplacer le début de la phrase par « il s’agit de » ou « ce qui est en cause ici », on doit employer et non en.

La seconde tournure, elle, présente plutôt une comparaison, pour indiquer que les choses sont pareilles ou différentes, et se construit avec un adverbe ou une locution adverbiale. Il en va de même pour moi, il en va autrement pour moi. Ce joueur de hockey a eu la COVID-19. Il en va de même de tous ses coéquipiers. Les piscines publiques sont fermées et il en va de même des zones de baignade surveillées. L’été a été très pluvieux ; il en allait bien autrement l’an dernier.

On écrira donc correctement Il y va de notre culture, il y va de notre identité, il y va de l’avenir du Québec (et non « il en va »). Il y va de la crédibilité du gouvernement. Les gens ont besoin de souffler ; il y va de leur santé mentale et physique. Il y va de notre succès, de sa réputation. Il y va de l’honneur de sa famille. L’adverbe disparaît avec irait pour des raisons d’euphonie, pour éviter la répétition de y et de i. Quand il irait de ma vie.

Courrier

La bonne excuse…

Faut-il dire « Je m’excuse » ou « Excusez-moi » ?

Réponse

La tournure « je m’excuse », très fréquente, reste critiquée, bien que l’Office québécois de la langue française affirme qu’on peut l’employer dans la langue courante. Le Larousse écrit aussi : « Je m’excuse est parfois compris comme “je m’accorde des excuses”’, et critiqué à ce titre comme contrevenant à la véritable courtoisie. L’emploi à la troisième personne (il s’excuse = il exprime ses regrets) montre qu’il faut attribuer à je m’excuse le sens de “je vous présente mes excuses’’. »

Si on souhaite s’exprimer plus soigneusement, on dira plutôt « excusez-moi » ou « toutes mes excuses ». On écrira aussi « veuillez m’excuser » ou « je vous prie de m’excuser ».

Vous avez des questions sur la langue française ? Posez-les à notre conseillère linguistique. Elle répondra à une question chaque dimanche.