La langue française évolue à une vitesse folle. Chaque semaine, notre conseillère linguistique décortique les mots et les expressions qui font les manchettes ou qui nous donnent du fil à retordre.

On ne pratique pas l’élision ou la liaison devant les mots commençant par un aspiré, comme on l’appelle.

Des noms comme hibou, hiérarchie ou huard, par exemple, ne posent pas de problème et on les verra rarement précédés d’une élision fautive. Le hibou, la hiérarchie, le huard. La saison du homard. Mourir de honte.

Mais des noms comme hanche, handicap, haricot, hernie ou hérisson, qui commencent bien eux aussi par un h dit aspiré, font souvent l’objet d’élisions ou de liaisons fautives.

On doit écrire des problèmes de hanche, le harfang des neiges, la cueillette du haricot vert (au pluriel, on ne prononce pas lézariko). Traiter la hernie discale. La vie du hérisson. Obtenir le huis clos. Les personnes en situation de handicap. Des accusations de harcèlement (et non « d’harcèlement »).

Il n’y a pas de règle permettant de savoir avec certitude si l’on doit maintenir un hiatus devant un mot commençant par un h. Le aspiré est toujours indiqué dans les dictionnaires usuels, de différentes façons : par une apostrophe, un astérisque, une barre oblique, un point, etc. On constatera ainsi qu’on peut écrire l’hiatus ou le hiatus, au choix.

Au Québec, on voit et on entend beaucoup « j’haïs », à éviter dans la langue soignée. Si on ne veut pas dire ou écrire je hais, on peut employer le verbe détester, plutôt. Ou exécrer. Ou encore abhorrer, dans le registre littéraire. Bien que le verbe haïr s’écrive avec un tréma la plupart du temps, ce n’est pas le cas à la première, à la deuxième et à la troisième personne du singulier, au présent de l’indicatif, et à la deuxième personne du singulier, à l’impératif. Se haïr cordialement. Il hait les gens qui arrivent en retard.

Le muet pose parfois lui aussi des problèmes. Par exemple, on semble souvent ignorer que le initial du nom huissier est muet. Cabinet d’huissiers de justice. Indiquer le nom de l’huissier qui s’est présenté au domicile. L’hameçonnage. Site d’hameçonnage.

On écrit le héros, sans faire l’élision, comme avec un aspiré, mais l’héroïne, avec l’élision, comme pour un muet. C’est pour des raisons d’euphonie, afin d’éviter d’entendre « les zéros » là où l’on dit en réalité les héros.

Courrier

Une reine consort après un prince consort ?

Pourquoi Camilla a-t-elle le titre de reine consort, alors que Philip était prince consort ?

Réponse

Selon la règle établie par la famille royale, qui fait une distinction entre les hommes et les femmes, seul un homme qui monte sur le trône peut recevoir le titre de roi. Le mari de la souveraine doit se contenter du titre de prince consort qui désigne, selon la définition du Robert, l’« époux d’une reine, quand il ne règne pas lui-même ».

Le dictionnaire indique que le mot consort vient du latin consors, « qui partage le sort ». Nos lectures nous ont appris que le prince Philip n’a jamais reçu le titre de prince consort de façon officielle — il était prince du Royaume-Uni.

La femme du roi peut quant à elle recevoir le titre de reine consort. Elle ne régnera pas. C’est un titre symbolique. Mais la chose ne va pas nécessairement de soi. Il avait ainsi d’abord été entendu que Camilla (on voit souvent son prénom écrit, de façon erronée, Camillia) ne serait que princesse consort. C’est encore ce qu’on peut lire dans des articles datant de 2021. La reine Élisabeth aurait changé d’idée en février 2022 et souhaité que la femme de son fils Charles obtienne plutôt le titre de reine consort.

Vous avez des questions sur la langue française ? Posez-les à notre conseillère linguistique. Elle répondra à une question chaque dimanche.