Avec leur plume unique et leur sensibilité propre, des artistes nous présentent, à tour de rôle, leur vision du monde qui nous entoure. Cette semaine, nous donnons carte blanche à Stéphane Dompierre.

Je ne crois pas me tromper en affirmant ceci : à différents degrés, on est tous à boutte. La Terre brûle pendant que les gouvernements songent vaguement à bannir les pailles de plastique d’ici 2065. La pandémie semble ne jamais vouloir se terminer, et puis il y a la guerre en Ukraine, l’inflation, les fusillades, les injustices sociales, un film avec Maripier Morin, il y a de quoi penser que l’apocalypse est à nos portes.

J’ignore si c’est parce que je suis mieux informé ou parce que ça va plus mal qu’avant. Peut-être est-ce un habile mélange des deux ? Toujours est-il qu’on est beaucoup de personnes à trouver difficile d’être joyeuses et légères. Et passer tes vacances dans une file d’attente à l’aéroport ou dans un embouteillage monstre sur la route de la Gaspésie, ça va peut-être te requinquer quelques heures, mais je crains que ce ne soit pas suffisant à long terme.

Alors que faire ? Je n’aurais pas fait cette introduction si je n’avais pas une piste de solution formidable à te proposer.

[Avertissement : l’auteur de ces lignes n’est ni psychologue, ni journaliste, ni même un influenceur santé et bien-être qui aurait eu un diplôme après trois heures dans une formation louche à Val-David, alors il te faudra sans doute en prendre et en laisser.]

On n’a qu’une vie, elle sera probablement plus courte qu’on le pense, alors pourquoi la passer à s’encombrer de sources d’irritation ? Mon idée : débarrasse-toi, de façon partielle ou définitive, de certaines de ces sources d’irritation sur lesquelles tu as du contrôle. En faisant plus particulièrement un beau grand ménage dans tes réseaux sociaux.

De mon côté, j’ai commencé : un ami (que je ne connais pas) est viré climatosceptique ? Je le barre ! Un autre (que je connais peu) préfère ne pas entendre les revendications des femmes et y va d’un peu glorieux #NotAllMen pour passer à un autre sujet ? Je le barre ! Un inconnu n’apprécie pas mes chroniques et débarque sur mon Facebook pour m’injurier ? Je le barre deux fois !

Voici d’autres trucs que tu peux appliquer facilement :

Cesse de lire les chroniqueurs haineux, qui, de toute façon, radotent les mêmes propos depuis des années. On le sait, les réseaux sociaux, c’est un cercle vicieux : plus on passe du temps à lire du contenu qui nous met en maudit, plus l’algorithme en propose. Mais l’inverse est aussi vrai ! Moins on en lit, moins on en voit. Une façon très simple de retrouver le sourire !

Remplace pendant une semaine ou deux ta lecture des nouvelles venues des États-Unis par celle de romans d’été tout légers. Tu te mettras à jour sur les tueries, les avancées de la droite religieuse et le déni de la science à ton retour de vacances.

Suspends momentanément ton utilisation de Tinder et va plutôt boire du rosé tiédasse ou de la bière dans un parc avec ta gang d’amis. Ne pas tenter de trouver la perle rare dans une mer de gens bizarres pendant quelques jours, ça repose. (Il semble y avoir beaucoup d’hommes en bedaine qui tiennent un poisson dans leurs mains. C’est censé être sexy?)

Si tu es accro à ton compte Instagram, tant qu’à regarder défiler ton fil pendant des heures, abonne-toi à des comptes tels que the_happy_broadcast, goodnews_movement, tanksgoodnews et autres. Ils ne partagent que de bonnes nouvelles ! Oui, ça existe encore ! (Il y a sûrement aussi des bonnes nouvelles en français, j’imagine. Tu peux m’en suggérer.)

N’oublie pas que si tu as envie de prendre une pause et de ne rien dévoiler de ta vie sur les réseaux sociaux pendant 1 jour ou 2 ou 10 ou 1000, tes abonnés n’en souffriront pas. Comme pour toi, leur survie tient principalement à l’oxygène, à l’eau et au café et non pas à tes selfies devant le rocher Percé ou dans les toilettes de l’aéroport où tu dors depuis trois jours.

S’il te vient l’impulsion d’écrire un long commentaire en réponse à quelqu’un que tu trouves imbécile dans les médias ou sur les réseaux sociaux, sors plutôt faire une marche. Respire. Roule-toi dans l’herbe. Danse. Flatte un chien. Bref, change-toi les idées. Rappelle-toi que même si tu écrivais à cette personne pour lui dire à quel point tu la trouves idiote, elle ne le deviendrait pas moins en te lisant.

Évidemment, il y a une foule de petites sources d’irritation dont on ne pourra jamais se débarrasser. Le stupide carillon métallique de tes voisins continuera de faire son tapage inutile, la voisine enragée de ma belle-mère continuera de cogner au plafond en lui reprochant de marcher dans son appartement (avec ses pieds, quel culot !), ma machine Sodastream continuera de cracher de l’eau partout plutôt que de la gazéifier.

Ça exige un peu d’efforts, mais allez, fais du ménage et je te souhaite une fin d’été joyeuse et légère !