La langue française évolue à une vitesse folle. Chaque semaine, notre conseillère linguistique décortique les mots et les expressions qui font les manchettes ou qui nous donnent du fil à retordre.

Le nom qui suit la préposition sans peut s’écrire tantôt au singulier, tantôt au pluriel. C’est la logique qui, souvent, détermine l’accord. On écrit ainsi il est sorti sans manteau et sans gants, parce qu’on porte généralement une paire de gants. Et on écrit elle porte une robe sans manches, parce que le vêtement en a généralement deux.

« Si le nom qui suit sans désigne une réalité abstraite ou une réalité concrète que l’on ne peut compter, il reste généralement au singulier. On a aussi le singulier lorsque le nom, désignant dans le contexte une réalité concrète comptable, renvoie nécessairement à un seul élément », résume l’Office québécois de la langue française.

On écrit toujours au singulier certaines expressions comme sans foi ni loi ou sans tambour ni trompette, de même que sans commentaire, sans délai, sans difficulté, sans doute, sans effort, sans égard, sans encombre, sans regret, etc. On écrit au pluriel sans ambages et sans nouvelles.

Si on hésite, on trouvera le plus souvent la réponse à sa question dans un ouvrage de référence ; on doit toutefois savoir qu’ils ne diront pas toujours la même chose (on choisira selon sa préférence, alors). On trouve les sans-emploi dans le Larousse, mais les sans-emplois dans le Robert.

L’usage veut qu’on écrive une dictée sans fautes, avec le mot fautes au pluriel, parce qu’on peut les compter. Si on préfère le singulier, on peut écrire plutôt sans aucune faute. La locution sans faute signifiant certainement, sans y manquer, est toujours invariable. Cela doit être fait aujourd’hui sans faute. Mais on écrira un sans-faute.

On peut écrire les sans-abri ou les sans-abris, mais à La Presse, on tend vers l’invariabilité. On écrit par ailleurs les sans-papiers pour désigner les personnes en situation irrégulière, à qui il manque généralement plus d’un document d’identité. Quant au nom sans-dessein, ce synonyme d’imbécile, on le considère le plus souvent comme invariable et on l’emploie au singulier. Ce sont des sans-dessein. Mais le Robert écrit des sans-desseins.

On peut aussi s’étonner de lire une femme ou un couple sans enfants, avec la marque du pluriel, mais ce n’est pas fautif.

Courrier

À la campagne ou en campagne ?

Ne doit-on pas dire vivre à la campagne, plutôt qu’en campagne ?

Réponse

C’est en effet la préposition à que l’on emploie, selon les ouvrages de référence, quand il est question du « milieu géographique, social, humain, défini par l’activité agricole, l’élevage… hors des zones urbaines » et, par extension, du « milieu non urbanisé ». Vivre à la campagne, passer ses vacances à la campagne, rendre visite à ses grands-parents qui habitent à la campagne. Séjour à la campagne.

Mais on dit bien en rase campagne, pour signifier « à découvert, sans protection ; dans un endroit sans habitations, donc sans ressources ». Tomber en panne de voiture en rase campagne. L’emploi de la préposition en dans cette expression suscite peut-être de la confusion.

En campagne s’emploie dans un contexte militaire, d’abord. Se mettre en campagne, c’est « se mettre sur le pied de guerre, commencer une opération ». Les troupes sont en campagne. Dans un contexte civil, on dit par exemple que les politiciens sont en campagne électorale.

Enfin, des formulations avec la préposition dans ne sont pas fautives en soi non plus. Escapade dans la campagne japonaise.

Écrivez-nous Vous avez des questions sur la langue française ? Posez-les à notre conseillère linguistique. Elle répondra à une question chaque dimanche.