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Est-il possible de donner nos organes à notre mort malgré un âge avancé ? Je serais heureuse de savoir que mes reins, mon foie et d’autres organes pourraient servir à redonner une seconde vie à quelqu’un.

Gertrude Samuel

Votre question est très pertinente, car c’est effectivement un aspect méconnu du don d’organes. La réponse est : oui, les organes peuvent être prélevés et utilisés malgré un âge avancé.

Et cette réponse n’est pas que théorique. Elle se vérifie dans la pratique.

Le directeur général de Transplant Québec, Louis Beaulieu, cite deux cas qui frappent l’imagination.

« Notre plus vieux donneur avait 92 ans. Il a donné son foie et celui-ci fonctionne toujours, depuis 17 ans », explique-t-il. C’est une jeune femme qui a reçu le foie. « Elle n’était pas encore mère à l’époque. Elle a eu trois filles depuis et tout le monde se porte très bien. »

L’autre cas mentionné par Louis Beaulieu, c’est celui d’un donneur de 76 ans. « Il a permis de sauver cinq vies ! » Ses poumons, ses reins, son cœur et son foie ont été greffés. C’est tout simplement remarquable. Et ça démontre que ce n’est pas parce qu’on atteint un certain âge que nos organes ne peuvent plus servir à d’autres.

Précisons que ce n’est pas nécessairement commun. « On s’entend que plus je vieillis, plus mes organes sont susceptibles de défaillir », précise Louis Beaulieu. Mais ça signifie qu’on aurait tort de faire une croix sur l’idée d’un don d’organes si on a atteint un âge vénérable.

Permettez-nous d’ailleurs de rappeler que le Québec traîne encore la patte quant aux dons d’organes. La situation n’était déjà pas rose, mais elle s’est détériorée avec la pandémie.

« Entre 2020 et 2021, on a observé une augmentation de plus de 10 % de la liste d’attente », rapporte le directeur général de Transplant Québec.

Si le rythme des transplantations s’est légèrement accéléré depuis le début de l’année 2022, il reste que près de 880 personnes sont néanmoins en attente au moment où on se parle. C’est un chiffre encore trop élevé et ces patients attendent encore trop longtemps.

Le Québec est donc mûr pour une discussion de société autour du don d’organes, estime-t-on chez Transplant Québec. « On fait référence à quelque chose qui pourrait ressembler à la consultation qui a été faite autour de l’aide médicale à mourir », dit Louis Beaulieu. Une discussion publique où l’on pourrait notamment se prononcer sur la question controversée du consentement, qui fait débat depuis déjà un certain temps.

Notons qu’une porte a été ouverte récemment à ce sujet par le ministre de la Santé Christian Dubé, lorsqu’il a présenté son plan de « refondation » du système de santé.

Le gouvernement « entend réviser l’encadrement législatif, améliorer la performance dans les hôpitaux et dans le système en général et simplifier l’expression du consentement au don et à la transplantation d’organes », avait-on alors annoncé.