La langue française évolue à une vitesse folle. Chaque semaine, notre conseillère linguistique décortique les mots et les expressions qui font les manchettes ou qui nous donnent du fil à retordre.

Les locutions à la veille de – au sens de juste avant – et à l’aube de – pour signifier au début – ne s’emploient pas indifféremment puisqu’elles ne désignent pas le même moment.

Évidemment, les deux expressions peuvent être employées pour un même sujet. C’est peut-être ce qui suscite la confusion. Mais on doit comprendre que les deux phrases n’auront alors pas le même sens. Il y a un avant et un pendant. Si on écrit à la veille de la Révolution française, on se situe dans la période qui précède immédiatement cet évènement, au moment où il se prépare. Si on écrit à l’aube de la Révolution française, c’est que l’insurrection a déjà commencé.

On peut aussi employer la locution à l’approche de pour parler de quelque chose qui n’est pas encore arrivé. À l’approche de la présidentielle aux États-Unis, les réseaux sociaux ont sévi contre les comptes liés à la mouvance conspirationniste.

C’est le plus souvent l’expression à l’aube de qui est mal employée, parce qu’elle figure dans des phrases où ce dont on parle ne s’est pas encore produit. On pourrait souvent très bien la remplacer par les locutions au début de ou en ce début de. Les attentes envers l’équipe sont élevées au début de la saison. En ce début de saison de la pêche au crabe des neiges, les usines de fruits de mer ont adopté des mesures pour protéger leurs employés.

Voici encore des exemples où l’expression à l’aube de serait employée à tort : Sœur Emmanuelle est décédée à la veille de ses 100 ans (et non à l’aube : elle était née le 16 novembre 1908 et elle s’est éteinte le 20 octobre 2008). À la veille de cette rentrée scolaire bien particulière, les enfants sont nerveux (l’article est publié alors que l’école n’a pas recommencé). Mais on écrira : En ce début d’année scolaire, les attentes sont élevées (quand l’article fait le compte rendu de la première journée, par exemple).

Courrier

Un centre de services scolaire ?

On a changé le nom des commissions scolaires pour « centre de services scolaire ». Je me demande pourquoi il n’y a pas de s à scolaire. On m’a répondu que c’est le centre qui est scolaire, mais pour moi, on devrait accorder le mot scolaire avec les services ! N’êtes-vous pas de mon avis ?

Réponse

C’est cette graphie que le texte de la loi sur la gouvernance scolaire a retenue, explique le Grand dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française.

On aurait peut-être mieux écrit centre scolaire de services… Quoi qu’il en soit, l’adjectif scolaire qualifie le nom centre et non le mot services. C’est le centre qui est scolaire, comme la commission l’était. On écrit un centre de services scolaire, des centres de services scolaires. Le mot service est au pluriel parce qu’il est entendu qu’un centre regroupe divers services.

Selon la règle typographique générale, à La Presse, on met une minuscule au terme générique centre, puisqu’il ne désigne pas un organisme unique. Le centre de services scolaire des Patriotes. Le nom prendra une majuscule seulement lorsqu’il est clair qu’il désigne une personne morale (comme la direction).

Écrivez-nous Vous avez des questions sur la langue française ? Posez-les à notre conseillère linguistique.