La langue française évolue à une vitesse folle. Chaque semaine, notre conseillère linguistique décortique les mots et les expressions qui font les manchettes ou qui nous donnent du fil à retordre.

On se demande souvent quand employer les verbes amener, emmener, apporter, emporter ou même porter. Se déplacer n’est pas toujours facile...

On confond surtout amener et apporter et aussi emmener et emporter. Ces verbes se trouvent d’ailleurs dans tous les dictionnaires de difficultés.

Le préfixe du verbe amener signifie vers. Le verbe met l’accent sur le point d’arrivée vers lequel on se dirige. On mène ou on conduit une personne ou un animal (pas une chose) quelque part et on quitte la personne ou l’animal à l’arrivée. Amener ses enfants à l’école. Amener son chien chez le vétérinaire.

Le verbe apporter signifie qu’on porte quelque chose quelque part. Il met lui aussi l’accent sur le point d’arrivée vers lequel on se dirige. Utiliser amener en ce sens, à propos d’une chose, est déconseillé. Apporter un livre à un ami. Apporter une bouteille de vin au restaurant.

Lorsque l’on emploie le verbe emmener plutôt qu’amener, c’est qu’on reste avec la personne ou l’animal. « On emmène ce qui peut se déplacer seul, personne ou animal, ou bien ce qui peut être déplacé sans être soulevé du sol », explique le Dictionnaire des difficultés et pièges de la langue française.

Le préfixe du verbe emmener signifie de là. Ce verbe met l’accent sur le point de départ. Emmener son chien en promenade. Emmener un malade chez le médecin.

C’est la même chose pour le verbe emporter, qui s’emploie pour dire qu’on porte quelque chose (ou une personne inerte) en quittant un lieu. Emporter une serviette à la plage. Les ambulanciers ont emporté les victimes.

Les plats cuisinés qu’on achète au restaurant pour les manger chez soi sont des repas à emporter, terme que l’on emploie, au journal, de préférence à take-out. On écrit bien à emporter et non « pour emporter ».

Qu’en est-il de l’expression « porter ses enfants » à l’école que bien des lecteurs ont relevée ? On devrait l’éviter, du moins à l’écrit. On peut cependant les déposer, c’est-à-dire les laisser à l’école après les y avoir conduits. On peut aussi les accompagner. Si quelqu’un les raccompagne ensuite, on peut alors dire qu’il les a reconduits à la maison.

Courrier

Accord du verbe se faire

Dans la phrase « Les protagonistes se sont fait nombreux », le mot fait prend-il un s ou pas, et pourquoi ?

Réponse

Oui, il en prend un. On écrit correctement « Les protagonistes se sont faits nombreux ».

Voici pourquoi. Lorsque le verbe faire est employé à la forme pronominale (se faire), et que le participe passé (fait) est suivi d’un nom ou d’un adjectif attribut (ici, le mot nombreux), il s’accorde en genre et en nombre avec le sujet (protagonistes). On écrit donc « Les protagonistes se sont faits nombreux ».

Si le contexte nous avait indiqué qu’il s’agissait de femmes uniquement, nous aurions écrit « Les protagonistes se sont faites nombreuses ».

Si le participe passé (toujours à la forme pronominale) s’était trouvé devant un verbe à l’infinitif, il serait resté invariable. On aurait alors écrit « Les protagonistes se sont fait arrêter ».

Vous avez des questions sur la langue française ? Posez-les à notre conseillère linguistique. Elle répondra à une question chaque dimanche.