La langue française évolue à une vitesse folle. Chaque semaine, notre conseillère linguistique décortique les mots et les expressions qui font les manchettes ou qui nous donnent du fil à retordre.

On écrit souvent bâiller aux corneilles, plutôt que bayer, sans doute parce que le sens de ce verbe nous échappe aujourd’hui. Il faut dire que les deux verbes ont la même origine (béer), ce qui peut ajouter à la confusion. Fait intéressant, le Robert signale qu’on devrait en fait prononcer bayer comme payer et non comme bâiller.

Bayer signifie « rester la bouche ouverte » (béante) et bayer aux corneilles, c’est « perdre son temps en regardant en l’air niaisement ». Les corneilles représentent ici quelque chose d’insignifiant. Par extension, on donne souvent à l’expression le sens de s’ennuyer, qu’elle n’a pas. Quand on s’ennuie, on peut plutôt regarder voler les mouches.

Justement, un jour où on s’ennuie comme une croûte de pain derrière une malle (ou comme un rat mort), on peut feuilleter des ouvrages instructifs et divertissants comme Expressions et locutions (Robert) ou Les 1001 expressions préférées des Français.

On y trouvera aussi le verbe bailler (sans accent), qui ne s’emploierait plus que dans l’expression la bailler belle à quelqu’un (ou la bailler bonne), c’est-à-dire « lui en faire accroire ». Si on tombe sur cette expression dans ses lectures, on saura que l’absence d’accent circonflexe n’est pas une erreur.

Ce qui précède nous donne par ailleurs envie de souligner qu’on écrit bien Oyez, oyez ! (et non « Oyé, oyé ! »)

« Oyez est une forme conjuguée du verbe ouïr, qui signifie entendre. Il s’agit en fait de la deuxième personne du pluriel de l’impératif présent. […] La forme oyé […] n’a jamais existé en français », explique la Banque de dépannage linguistique de l’Office québécois de la langue française. Oyez, oyez, braves gens !

La Cour suprême des États-Unis emploie toujours – en français – cette formule pour entamer ses travaux : Oyez ! Oyez ! Oyez ! All persons having business before the Honorable, the Supreme Court of the United States, are admonished to draw near and give their attention, for the Court is now sitting. God save the United States and this Honorable Court !

Courrier

Franciser le nom « fatbike »

Auriez-vous une suggestion pour franciser le mot « fatbike » ? On utilise le terme « vélo à roues surdimensionnées », mais vous conviendrez que cette expression est trop lourde pour être retenue à moyen ou à long terme.

Réponse

L’Office québécois de la langue française (OQLF) signale que c’est le terme vélo à pneus surdimensionnés qui a été recommandé officiellement par la Commission d’enrichissement de la langue française (en France). C’est aussi la traduction retenue par l’OQLF, tout comme l’abréviation VPS.

C’est peut-être l’abréviation, déjà fréquemment utilisée, qui va l’emporter. Après tout, on emploie couramment le sigle VUS pour désigner les véhicules utilitaires sport.

Le magazine Espaces a demandé à ses lecteurs de lui proposer d’autres noms, parmi lesquels on trouve par exemple VTT toutes saisons, bécane dodue, vélo joufflu ou vélobèse.

Vous avez des questions sur la langue française ? Posez-les à notre conseillère linguistique.