La langue française évolue à une vitesse folle. Chaque semaine, notre conseillère linguistique décortique les mots et les expressions qui font les manchettes ou qui nous donnent du fil à retordre.

Dit-on faire long feu ou ne pas faire long feu ? Employer ces expressions, de nos jours, c’est jouer avec le feu. D’ailleurs, on les trouve dans la plupart des ouvrages consacrés aux difficultés et aux pièges de la langue.

On a tendance à penser que l’une signifie le contraire de l’autre, mais ce n’est pas nécessairement le cas, comme on va le voir.

« Faire long feu » se disait d’une cartouche dont l’amorce brûle trop lentement, de sorte que le coup manque son but, lit-on dans le Petit Robert intégral. Le feu ici est celui d’une arme à feu (comme dans « coup de feu », par exemple). Au figuré, c’est un synonyme d’échouer, de rater. Cette entreprise a fait long feu (elle n’a pas abouti), lit-on aussi dans le dictionnaire de l’Académie française. Par ailleurs, l’expression peut également signifier « traîner en longueur ». Son histoire fait long feu.

L’expression « ne pas faire long feu », celle que l’on voit le plus fréquemment, est employée au sens de « ne pas durer longtemps » (toujours selon le Robert). Comme un feu de paille qui s’éteint très vite – le mot feu a ici le sens de flamme. Leur association n’a pas fait long feu. Les puristes critiquent ce sens qui sème la confusion, souligne le Dictionnaire des expressions et locutions (Robert).

C’est qu’on pourrait écrire, avec un peu de mauvaise foi : Leur association n’a pas fait long feu, elle a fait long feu. Soit : leur association n’a pas duré longtemps, c’est un échec.

Comme l’écrivent les correcteurs du Monde.fr, il s’agit d’un « beau cas d’énantiosémie (deux sens opposés ou contradictoires pour un même mot) ! ». Que veut-on dire au juste quand on emploie l’une de ces expressions ? On risque vraiment de ne pas être compris. Alors, à quoi bon ?

Courrier

Patientèle

« À deux reprises cette semaine, j’ai rencontré le mot patientèle dans des romans. Est-ce nouveau ? »

Réponse

Le mot patientèle est entré dans le Robert en 2013 (ce qui ne veut pas dire qu’il n’était pas employé avant). Il est formé sur le modèle du nom clientèle et s’emploie pour désigner l’ensemble des patients d’un professionnel de la santé ou d’un établissement hospitalier. Il figure aussi dans le Larousse.

Dans le Robert, le nom porte la mention DIDACT., pour didactique : « mot ou emploi qui n’existe que dans la langue savante (ouvrages pédagogiques, etc.) et non dans la langue parlée ordinaire ».

On trouve tout de même le terme dans les médias, plus souvent dans la presse française que dans la presse québécoise, mais il est aussi utilisé ici. La patientèle d’un médecin, d’une orthophoniste. Le nombre de médecins ne permet plus de répondre aux besoins et d’offrir les services adéquats à la patientèle.

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