La langue française évolue à une vitesse folle. Chaque semaine, notre conseillère linguistique décortique les mots et les expressions qui font les manchettes ou qui nous donnent du fil à retordre.

Contrairement à ce que pensent bien des gens, le nom d’une personne donné à un lieu – ou à un prix, à un trophée, etc. – exige un trait d’union même si la personne en question est toujours vivante.

Le trait d’union entre le prénom et le nom de famille indique seulement qu’on ne désigne pas la personne elle-même. Il n’a rien à voir avec le fait d’être déjà mort ou encore vivant. On écrit donc correctement le Centre d’art Diane-Dufresne (le trait d’union figure bien dans la documentation, même s’il ne se trouve pas sur la façade du centre), la piscine Annie-Pelletier ou le pavillon Jean-Coutu de l’Université de Montréal.

« Si le nom d’une personne est employé pour dénommer une association, une fondation, un bâtiment, un monument, un établissement ou un lieu, on met un trait d’union entre les prénoms et entre le ou les prénoms et le patronyme, que cette personne soit décédée ou non », indique la Banque de dépannage linguistique de l’Office québécois de la langue française.

« Il est faux de croire que le nom [...] d’un lieu honorant une personne vivante ne prend pas le trait d’union, alors que le nom prend le trait d’union si la personne honorée est décédée », signale aussi l’outil Clés de la rédaction du gouvernement du Canada.

Il y a tout de même une différence entre les vivants et les morts.

On est libre de donner le nom de personnes vivantes à des établissements privés. Mais depuis 1990, pour éviter les problèmes et les changements ultérieurs, la Commission de toponymie du Canada et la Commission de toponymie du Québec n’emploient « le nom d’une personne pour désigner une voie de communication (rue, avenue, etc.) ou un lieu que si la personne en question est décédée depuis au moins un an. On ne doit pas se servir du nom d’une personne vivante, à moins de circonstances tout à fait particulières ».

Malgré ce qui précède au sujet du trait d’union, on respecte les exceptions, en écrivant par exemple la Maison Jean Lapointe.

Courrier

Action de grâce

Pouvez-vous m’expliquer pourquoi on voit partout Action de grâce sans s à grâce, alors que j’ai appris qu’il devait bien être là, comme lorsqu’on dit les grâces à la fin du repas ?

Réponse

Il y a deux graphies possibles pour l’Action de grâce, célébrée ici le deuxième lundi d’octobre. Toujours avec une majuscule à Action, mais avec grâce au singulier ou au pluriel. Par souci d’uniformisation, à La Presse, nous avons adopté la graphie la plus simple, au singulier. On peut de même écrire rendre grâce (ou grâces).

Pour les États-Unis, qui célèbrent la même fête le quatrième jeudi de novembre, on a le choix de laisser Thanksgiving (sans article devant le nom) dans les textes, en le mettant en italique, ou écrire l’Action de grâce américaine.

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