Mes collègues journalistes et moi avons produit une grande enquête sur la bataille de Montréal contre la pandémie de la COVID-19. Publiée durant trois jours en mai dernier, la série de reportages racontait comment le virus qui a fait des milliers de victimes s’est propagé dans la métropole.

Mon travail de photojournaliste à l’équipe d’enquête de La Presse est de produire des reportages racontant des histoires à caractère social. Cette fois-ci, le défi était grand. Je devais prendre un cliché représentant l’ennemie invisible numéro 1 au monde. Je voulais créer une ambiance, personnaliser la COVID-19. C’est en discutant avec la chef des graphistes, France Dupont et la chef de l’équipe d’enquête, Katia Gagnon, que j’ai eu l’idée de produire une série d’images à la tombée de la nuit. Je souhaitais mettre de l’avant l’aspect mystérieux et menaçant de la pandémie, et démontrer que le virus planait au-dessus de Montréal, tapi dans l’ombre des différents quartiers. Une menace invisible, au-dessus de la ville.

Durant trois soirs, j’ai parcouru l’île d’est en ouest. J’ai photographié le CHSLD de Herron un des endroits les plus affectés par la COVID-19, le quartier de Côte-Saint-Luc, Montréal-Nord, Rivière-des-Prairies et les rues d’Hochelaga-Maisonneuve.

Il était près de minuit quand j’ai décidé de faire une photo de Montréal depuis l’île Notre-Dame. Mon plus récent appareil photo offre une capacité de captation unique dans des conditions nocturnes. Il voit pratiquement dans le noir. J’ai déposé mon boîtier sur la rambarde de la clôture de la passerelle entre le pont Jacques-Cartier et l’île Notre-Dame. J’ai réussi une exposition de 1/15 de seconde à une valeur de 3200 ISO. Il s’agissait de saisir le passage de la lumière de l’édifice de Place Ville-Marie éclairant ce gros nuage. Je savais alors que j’avais trouvé la bonne photo! C’est ce cliché qui a d’ailleurs fait la une de La Presse+ pour illustrer le dossier.