Le réalisateur français François Ozon saura lundi si Grâce à Dieu, son film inspiré de faits réels dans lequel un prêtre est mis en cause nommément pour des actes de pédophilie, sortira en salles mercredi prochain en France.

Le juge des référés du tribunal de grande instance de Paris a indiqué vendredi que sa décision serait connue «lundi à partir de 16 heures».

Il avait été saisi le 1er février par la défense d'un prêtre de Lyon, le père Bernard Preynat, inculpé en France depuis février 2016 pour agressions sexuelles sur mineurs et qui pourrait être jugé à la fin de l'année.

La défense du père Preynat demande que la sortie, prévue mercredi, du long métrage soit reportée après son procès afin de ne pas porter atteinte à sa présomption d'innocence.

Le sujet est en pleine actualité en France, au moment où s'est tenu début janvier à Lyon le procès du cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, et de cinq autres personnes pour non dénonciation des agissements du père Preynat. Le jugement est attendu le 7 mars.

Grâce à Dieu raconte la naissance de l'association française de victimes La Parole Libérée, fondée par d'anciens scouts qui avaient dénoncé les agissements de Bernard Preynat.

Dans son film, M. Ozon a changé les noms des victimes, mais pas ceux de Bernard Preynat, du cardinal Barbarin et de l'ancienne bénévole du diocèse Régine Maire, jugée à Lyon aux côtés du cardinal.

Mme Maire a de son côté mis en demeure François Ozon de retirer son nom du film. Une décision sera prise lundi à Lyon.

Vendredi, l'avocat du père Preynat a argué que le film «va à l'encontre de la présomption d'innocence dont bénéficie son client».

«Dans le film, Bernard Preynat est-il présenté comme coupable ? Assurément oui. Or mon client est placé sous le statut de témoin assisté pour les faits de viol. A-t-il été jugé coupable par la justice ? Non», a déclaré l'avocat Emmanuel Mercinier.

De son côté, Benoît Goulesque-Monaux, un des deux avocats du producteur et du distributeur du film, a répondu qu'«un carton, inséré dans le film, précise que le père Preynat n'a pas été jugé et que dans l'attente de son procès, il bénéficie de cette présomption d'innocence».  Il a insisté sur le fait que «le procès du père Preynat n'est pas le sujet du film».

Ce film est en lice pour l'Ours d'or au festival du film de Berlin. Sa copie est parvenue à 307 salles en France.