De nouvelles accusations de harcèlement sexuel et de viol évoquent la part sombre de grands rôles interprétés par Kevin Spacey, d'American Beauty à House of Cards, et placent l'acteur américain dans une position de plus en plus compromise.

Depuis dimanche et la publication du témoignage de l'acteur Anthony Rapp, qui dit avoir été agressé sexuellement alors qu'il n'avait que 14 ans, les éléments à charge s'accumulent autour du comédien aux deux Oscars.

Les allégations les plus graves à ce jour sont venues d'un acteur qui a affirmé jeudi au site Vulture, sans révéler son identité, avoir été victime d'une tentative de viol par le comédien américain alors qu'il était lui âgé de 15 ans.

L'adolescent entretenait alors une relation sexuelle consentie avec Kevin Spacey, mais aurait refusé d'avoir un rapport avec lui ce jour-là. L'acteur serait passé outre et aurait tenté de violer son jeune partenaire.

Au fil des témoignages, se dessine le portrait accablant d'un homme incapable de contrôler ses pulsions, dirigées essentiellement vers de jeunes hommes qu'il n'hésitait pas à toucher ou agripper sans leur consentement, voire davantage.

La part d'ombre de Kevin Spacey, désormais étalée au grand jour, rappelle celle de nombre de ses grands rôles au cinéma et à la télévision, du père qui entretient une relation avec adolescente dans American Beauty à l'homme politique sans scrupule de House of Cards, en passant par le malfrat manipulateur de Usual Suspects.

Huit personnes qui ont travaillé sur la série phare de Netflix House of Cards ont par ailleurs évoqué à la chaîne CNN une série d'incidents, d'un massage non sollicité à des palpations forcées.

«Je n'ai aucun doute que ce comportement de prédateur relevait de la routine pour lui», a commenté un ancien assistant de production qui travaillait sur la série. «C'était un environnement toxique.»

Sollicitée par l'AFP, le producteur d'House of Cards, Media Rights Capital (MRC), a indiqué que lors du tournage de la première saison, en 2012, un membre de l'équipe de la série avait signalé avoir été l'objet d'une remarque et d'un geste déplacés de la part de Kevin Spacey.

Les responsables affirment avoir agi «immédiatement» et assurent que «le problème a été résolu sans délai à la satisfaction de toutes les personnes concernées».

À l'époque, l'acteur américain avait suivi une session de sensibilisation, a expliqué MRC dans une déclaration transmise vendredi.

«Depuis, MRC n'a été informé d'aucune réclamation impliquant M. Spacey», a indiqué la société de production, affirmation appuyée par Netflix dans une déclaration distincte transmise vendredi à l'AFP.

La plateforme de vidéo en ligne a suspendu mardi, conjointement avec MRC, le tournage de la sixième et dernière saison d'House of Cards et indiqué vendredi «étudier l'avenir de cette production».

«Libre de nous toucher»

La porte-parole de Kevin Spacey, Staci Wolfe, a confirmé vendredi à l'AFP qu'elle avait renoncé à le représenter. Elle avait déclaré plus tôt que son ancien client «(prenait) le temps nécessaire pour se faire évaluer et traiter».

Les accusations émanant du plateau de la série phare de Netflix, qui a transformé presque instantanément Kevin Spacey en acteur crédible de la production télévisée, font écho à d'autres, tout aussi nombreuses et venues de Londres.

L'acteur y a été le directeur artistique de l'un des plus prestigieux théâtres de la capitale britannique, The Old Vic, de 2004 à 2015.

L'acteur mexicain Roberto Cavazos, qui a joué dans plusieurs productions du Old Vic, a affirmé, sur sa page Facebook, qu'il «suffisait d'être un homme de moins de 30 ans pour que M. Spacey se sente libre de nous toucher».

Sollicité par l'AFP, la police britannique a indiqué avoir ouvert une enquête concernant une agression sexuelle présumée intervenue à Londres en 2008, sans pour autant confirmer que l'enquête concernait Kevin Spacey, comme le soutient la presse britannique.

«Je ne serais pas surpris que les chiffres (de personnes harcelées ou agressées) soient similaires à ceux de (Harvey) Weinstein», a écrit Roberto Cavazos.

Le tourbillon dans lequel est désormais pris Kevin Spacey rappelle ainsi celui qui frappe le producteur Harvey Weinstein, mis en cause par près de 100 femmes qui lui reprochent harcèlement, agressions sexuelles et même plusieurs viols.

Dernières allégations en date, l'actrice Paz de la Huerta a affirmé jeudi au site du magazine Vanity Fair qu'Harvey Weinstein l'avait violée à deux reprises en 2010. La police de New York a indiqué à l'AFP enquêter à ce sujet, et être en contact avec le procureur de Manhattan.