Les fans de Star Wars n'ont pas caché leur émotion à la découverte d'une Carrie Fisher numériquement rajeunie ou à la résurrection de Peter Cushing grâce aux images de synthèse.

Avec les sorties en DVD de Rogue One le 4 avril, les inconditionnels du dernier épisode en date de la saga intergalactique la plus prolifique de l'histoire du cinéma auront un aperçu des technologies numériques qui ont représenté un risque énorme pour la production du film.

«Vous ne voulez pas être assis dans la salle de cinéma et vous dire ''quelque chose ne va pas là''», explique John Knoll, le superviseur des effets visuels de Rogue One, désormais le 20e plus gros succès de tous les temps qui a généré plus d'un milliard de dollars de recettes dans le monde.

M. Knoll reconnait que produire des effets spéciaux sur l'homme est «l'un des problèmes les plus difficiles en informatique».

Dans le bonus La princesse et le gouverneur, le superviseur de l'animation Hal Hickel décrit le processus technologique comme une «longue série d'échecs aboutissant à la victoire».

Troublant

Troublés par cette conversion numérique, les critiques ont estimé que ce plongeon dans la «vallée de l'étrange» --théorie selon laquelle plus les répliques apparaissent humaines, plus les humains éprouvent de répulsion à leur encontre-- avait enlevé beaucoup de qualités au film.

Carrie Fisher «était tellement effrayante que le public s'est retrouvé complètement hors du film au moment le plus émouvant», a estimé Kelly Lawler, du quotidien USA Today, alors qu'Eric Althoff, du Washington Times, parle d'un effet «trop bizarre».

Le studio américain basé à San Francisco Industrial Light and Magic (ILM) a été chargé d'insérer les effets spéciaux sur les acteurs.

«Il faut beaucoup de préparation pour entrer dans ce personnage, car tout le monde se souvient de Leia», explique Ingvild Deila, l'actrice norvégienne qui reprend le rôle de la célèbre princesse.

L'équipe du film «a passé beaucoup de temps sur mes cheveux, qui ont été teints deux fois et rallongés, car Carrie Fischer avait des cheveux plus longs que les miens», raconte la jeune femme, qui précise qu'une fois les ajustements réalisés, l'équipe a pu «remplacer mon visage par celui de Carrie Fisher».

«Carrie a aimé»

«Carrie Fisher a été impliquée dans le processus. Elle a vu le résultat final et elle l'a aimé», confie John Knoll, qui confirme que l'actrice décédée le 27 décembre lui avait donné sa bénédiction pour ce caméo.

La voix entendue durant la scène jouée par Ingvild Deila appartient d'ailleurs à Carrie Fischer, la production ayant récupéré l'extrait original du film Un nouvel espoir de 1977.

Le travail a été plus délicat pour l'acteur britannique Guy Henry, qui a dû incarner Peter Cushing, décédé en 1994, dans de nombreuses scènes de dialogue.

«C'était un processus très difficile, car il n'y a aucun moyen de remonter vraiment dans le temps et de capturer l'apparence de ces acteurs», estime Paul Giacoppo, directeur créatif d'ILM.

«Nous avons donc dû vraiment réunir toutes les compétences possibles pour essayer de recréer les détails du visage, une peau qui lui ressemble et le jeu de l'acteur», développe M. Giacoppo.

La présidente de Lucasfilm Kathleen Kennedy avait donné son accord à ces résurrections numériques après des assurances de John Knoll sur maîtrise de la création numérique humaine.

Les débats sur cette technologie ne sont pas près de s'arrêter. Disney, propriétaire de LucasFilm, a dévoilé début mars une bande-annonce de son très attendu Pirates des Caraïbes 5, mettant en scène un Johnny Depp numériquement rajeuni d'une vingtaine d'années.