Plus que jamais, la saison automnale s'est imposée comme la plus riche en oeuvres cinématographiques de qualité. De façon spectaculaire, le dernier trimestre de 2016 est venu sauver une année d'ensemble pendant laquelle les films remarquables se sont longtemps fait attendre.

Moonlight de Barry Jenkins (États-Unis)

Nous n'oublierons pas de sitôt le parcours de Chiron, un enfant qui grandit dans un quartier difficile de Miami, dont on suivra l'évolution pendant une vingtaine d'années. Moonlight se démarque aussi par son habile construction dramatique, tout autant que par ses qualités cinématographiques. Évitant tous les clichés, Barry Jenkins réussit un vrai coup de maître, remarquable à tous points de vue.

Toni Erdmann de Maren Ade (Allemagne)

Il y a au moins deux scènes d'anthologie dans cette comédie dramatique réjouissante venue d'Allemagne, dans laquelle un père excentrique tente de mettre un peu de folie dans la vie de sa fille carriériste, un peu trop sérieuse à son goût. Déjà présenté au Festival du nouveau cinéma (où il a obtenu la Louve d'or), Toni Erdmann prendra l'affiche le 17 février.

Elle de Paul Verhoeven (France)

Proposant son meilleur film depuis des lustres, le réalisateur de Basic Instinct s'amuse à repousser les limites de la moralité, à jouer sur la notion de perversité, à transgresser tous les codes. Elle n'a strictement que faire des bons sentiments. Et donne l'occasion à Isabelle Huppert d'y aller de l'une de ses plus grandioses performances.

Manchester by the Sea de Kenneth Lonergan (États-Unis)

Le parcours du protagoniste, magistralement interprété par Casey Affleck, est, en apparence, tout ce qu'il y a de plus ordinaire. Or, Kenneth Lonergan propose un film exceptionnel tant il fait directement écho à la réalité de la vie. Il n'y a ici aucun artifice ni sentimentalisme forcé non plus. Ce film tout en finesse en devient d'autant plus déchirant.

Photo fournie par Sony Pictures Classics

Isabelle Huppert dans Elle

La La Land de Damien Chazelle (États-Unis)

De la pure magie. En offrant au monde une comédie musicale originale, directement influencée par les grands films du même genre issus de l'âge d'or, Damien Chazelle réalise le plus beau «film bonheur» de l'année, d'autant qu'il met aussi en vedette le plus beau couple de cinéma - Emma Stone et Ryan Gosling - vu sur grand écran au cours des 12 derniers mois.

Arrival de Denis Villeneuve (États-Unis)

En portant à l'écran le scénario qu'Eric Heisserer a tiré du roman de Ted Chiang Story of Your Life, Denis Villeneuve met sa grande maîtrise - il est vraiment au sommet de son art - au service d'une histoire qui s'inscrit parfaitement dans l'air du temps, en évoquant notamment notre rapport aux «autres». En cette époque troublée, que voilà un questionnement essentiel.

Photo fournie par Lionsgate

Emma Stone et Ryan Gosling dans La La Land 

Juste la fin du monde de Xavier Dolan (Québec)

Il est vrai que cette adaptation d'une pièce de Jean-Luc Lagarce n'appelle pas le genre d'émotion viscérale et consensuelle suscitée par Mommy. En revanche, force est de constater la maîtrise du cinéaste québécois dans sa réalisation. Dolan donne ici l'occasion à ses acteurs de miser sur la finesse et la subtilité d'une partition où le vrai propos est maquillé sous un flot de paroles plus ou moins signifiantes. Et ça marque.

Réparer les vivants de Katell Quillévéré (France)

Dans cette adaptation du roman éponyme de Maylis de Kerangal, la cinéaste Katell Quillévéré affiche une remarquable compréhension de l'art de la réalisation. L'émotion pointe sans ne jamais trop insister, un peu comme si elle était directement extirpée de la réalité de la condition humaine. Une splendeur. Déjà présenté au Festival Cinemania, le film prendra l'affiche le 10 mars.

PHOTO FOURNIE PAR LES FILMS SÉVILLE

Gaspard Ulliel dans Juste la fin du monde.

American Honey d'Andrea Arnold (Grande-Bretagne/(États-Unis)

La réalisatrice de Red Road et de Fish Tank s'est inspirée d'un road trip qu'elle a fait elle-même aux États-Unis pour écrire et réaliser ce film qui s'inscrit parfaitement dans l'époque. Les rapports entre les jeunes individus qu'elle montre à l'écran sont bruts, parfois brutaux, mais il se dégage néanmoins de ce portrait une énergie vibrante.

Fuocoammare, Par-delà Lampedusa de Gianfranco Rosi (Italie)

À travers les portraits de trois habitants de l'île de Lampedusa - un médecin, un animateur à la radio et un garçon de 12 ans -, Gianfranco Rosi parvient à évoquer l'histoire des migrants qui tentent de gagner l'Europe en passant par cette île italienne, située à 200 km au sud de la Sicile. La grande force du documentariste italien est d'avoir su faire écho au drame en misant sur la puissance d'évocation de l'art qu'il pratique. Puissant.

Photo fournie par le FNC

Shia LaBeouf et Sasha Lane dans American Honey d'Andrea Arnold

Mention spéciale 

Avant les rues de Chloé Leriche (Québec)

Parce qu'il y a du vrai et du beau cinéma dans ce premier long métrage de fiction de Chloé Leriche, réalisé en collaboration avec les trois communautés atikamekw du Québec. Et aussi parce qu'il est grand temps que la culture des Premières Nations ait droit de cité en ce pays.

Photo fournie par Les Films de l'autre

Avant les rues de Chloé Leriche