Quelque chose dans leur oeuvre laisse supposer que leur parcours a été influencé par Star Wars. Qu'en est-il vraiment?

François Létourneau: acteur et scénariste (Les invincibles, Série noire)

> Le premier contact: «J'étais trop jeune en 1977 pour avoir vu le premier film en salle, mais je l'ai vu à la télé quand j'avais 9 ans. Nous n'avions pas de magnétoscope, alors ma soeur et moi l'avons enregistré sur des cassettes audio. Après, on faisait du lip-sync dessus!»

> Les préférés: Han Solo! J'aimais bien Luke, mais je préférais le côté cow-boy de Han Solo. C'était simple, brut, j'ai un fusil et je tire. Et puis, j'aimais imiter C-3 PO et marcher en robot.»

> L'influence: «Il y a beaucoup de Star Wars dans mon travail avec Jean-François [Rivard]. Les trois saisons des Invincibles, par exemple, suivent un peu la structure de la trilogie d'origine: la deuxième est plus sombre que la première, et pour la dernière, on est retourné au ton de la première.»

Denis Villeneuve: réalisateur (Blade Runner 2, en préparation)

> Le premier contact: «Lorsque le premier Star Wars est sorti, j'étais une victime cible: j'avais 10 ans. L'impact de ce premier film a été énorme sur mon enfance. Je suis devenu fanatique. Deux ans plus tard, j'ai fait plusieurs fois 50 km à vélo pour aller voir The Empire Strikes Back au cinéma. Je faisais partie de la branche hardcore des fans: ceux qui n'ont apprécié que les deux premiers films et qui considèrent les quatre suivants comme de sinistres navets. Je digère encore mal les Ewoks.»

> Le culte: «Le succès du premier Star Wars repose un peu sur sa mythologie, un peu sur son histoire empruntée à Dune et Flash Gordon et beaucoup sur ses superbes archétypes. Mais c'est vraiment grâce au talent d'artistes comme John Dykstra [effets spéciaux] et Ralph McQuarrie [design] que ce film est devenu un phénomène: ce sont eux, les génies.

PHOTO ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Denis Villeneuve

Jean-François Rivard: réalisateur et scénariste (Les invincibles, Série noire)

> Le premier contact: «J'avais 5 ans quand le premier film est sorti et je l'ai vu avec mes parents. J'ai eu peur quand Luke retourne sur Tatooine et voit son oncle et sa tante désintégrés. Ma mère m'a fait sortir, puis elle m'a montré une poubelle en me disant: «Regarde, c'est R2-D2!» Je me suis mis à rire, on est retournés dans la salle.»

> Les jouets: «Enfant, avant Noël, j'entourais tous les jouets Star Wars dans les catalogues. Aujourd'hui, dans mon salon, j'ai un Scout Trooper de 12 pouces et Captain Phasma. Star Wars m'a ouvert au geekisme

> L'influence: «J'aurais tellement aimé inventer ce monde-là! Dans la deuxième saison de Série noire, un personnage est surnommé Boba Fett. Et dans la première, quand Denis et Patrick communiquent par code, leur lexique provient de Star Wars.»

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Jean-François Rivard

Anouk Whissell: scénariste et réalisatrice (Turbo Kid)

> Le premier contact: «J'ai vu les premiers films à la télévision, j'étais trop jeune pour les voir en salle, et Return of the Jedi, même si ce n'est pas le meilleur, est celui qui m'a parlé le plus à l'époque... à cause des Ewoks.»

> L'influence: «La trilogie originale est une grande influence. Dans la manière de faire, où tout était tangible. Et dans la façon de raconter, peut-être un peu lente, mais où les personnages étaient si bien rendus qu'ils venaient nous chercher. Tout ça nous a beaucoup influencés pour l'écriture et la réalisation de Turbo Kid - qui est une histoire classique de passage à l'âge adulte. La scène avec les parents, qui se déroule dans un environnement ressemblant à la planète Tatooine, est notre clin d'oeil à Star Wars.»

> Le passage du temps: «J'aimerais réécouter les films originaux plus souvent, mais je n'aime pas les effets spéciaux ajoutés aux versions «remasterisées». Il faut donc retourner aux VHS... et c'est un peu plus compliqué!»

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Anouk Whissell

Pierre-Yves Bernard: scénariste (Dans une galaxie près de chez vous, Minuit, le soir)

> Le premier contact: «J'avais 16 ans et j'étais en voyage scolaire à Londres. On est allés voir le premier film en groupe et j'ai aimé ça... mais ça n'a pas déclenché de passion.»

> L'influence: «J'ai été plus influencé par Le seigneur des anneaux, que j'ai lu trois fois. J'ai donc embarqué dans Dans une galaxie près de chez vous, plutôt vierge de science-fiction... et ç'a peut-être été une bonne chose: ça m'a donné plus de liberté, je ne me disais pas que ça ressemblait trop à telle ou telle chose. En fait, le vaisseau qui voyage à travers la galaxie aurait pu être un convoi qui traverse le Sahara: pour moi, l'important est la quête existentielle. Je ne veux pas banaliser l'oeuvre, mais Star Wars, qui demeure une bonne histoire, est à mon sens plus comme un western qui se passe dans l'espace. On a les shérifs, les bandits. Ça me parle moins. En fait, je n'ai pas vraiment de connexion avec la science-fiction.»

PHOTO IVANOH DEMERS, ARCHIVES LA PRESSE

Pierre-Yves Bernard