Une réorganisation interne et l'adoption d'un plan de stabilisation financière à l'Office national du film (ONF) entraîneront l'abolition de 16 postes et la disparition des ateliers éducatifs fréquentés chaque année par 33 000 enfants de Montréal et Toronto.

C'est ce qu'a annoncé hier après-midi aux quelque 400 employés le commissaire du gouvernement fédéral à la cinématographie et président de l'ONF, Claude Joli-Coeur.

En entrevue à La Presse, ce dernier défend son plan, affirmant jeter les bases nécessaires pour assurer l'avenir de l'organisme.

«Dans un budget de 64 millions de dollars, nous réaffectons quelque 5 millions à d'autres activités, notamment à améliorer nos plateformes numériques, dit-il. Cela se traduit par des choix difficiles. Mais c'est un investissement pour l'avenir. Et avec ce plan, je stabilise le budget, incluant les enveloppes à la création, pour les cinq prochaines années.»

Le syndicat déplore les compressions

Le discours est bien différent du côté syndical. Hocine Chérifi, président de la section locale 2656 du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), déplore les compressions récurrentes. «Ça fait déjà 20 ans qu'on coupe et coupe. Et maintenant, on coupe un bras de l'ONF, le secteur de l'éducation. S'il y a quelqu'un à blâmer dans cette histoire, c'est le gouvernement fédéral qui ne cesse de sabrer dans la culture.»

Les ateliers créatifs sont ouverts aux enfants du primaire et du secondaire. Chaque année, les élèves sont reçus dans les locaux de l'ONF par des éducateurs et des créateurs et ils apprennent comment faire un film. Depuis les débuts, les ateliers éducatifs de l'ONF ont accueilli près d'un million d'enseignants et d'élèves.

«L'ONF doit être proche de son public. En fermant ces ateliers, on s'en éloigne, déplore M. Chérifi. Ces activités constituaient une belle expérience pour les enfants.»

Claude Joli-Coeur soutient de son côté que ce secteur coûtait très cher à l'organisme (déficit annuel de plus de 1 million), que ça ne faisait pas partie du mandat de l'ONF et qu'une version virtuelle des ateliers est en préparation.

«Nous allons créer des vidéos de formation disponibles en ligne. De cette façon, ce ne sont pas uniquement les jeunes de Montréal et Toronto, mais de tout le pays qui y auront accès, soutient-il. Nous remettrons aux enseignants des trousses de travail pour les animer.»

Tels qu'on les connaît aujourd'hui, les ateliers éducatifs se termineront à la fin de la présente année scolaire. La nouvelle formule entrera en vigueur en janvier 2016.

Postes abolis et créés

Des 16 postes abolis, 8 sont associés aux ateliers éducatifs. Les autres se retrouvent dans différents secteurs de l'ONF. On compte 3 postes de cadres et 13 d'employés. Onze des 16 postes se trouvent à Montréal, où travaillent 250 personnes.

La réorganisation se traduira par le développement des outils numériques de l'organisme, ce qui permettra de créer cependant sept emplois. De plus, neuf personnes travaillant actuellement sous la base d'un contrat à durée limitée obtiendront leur permanence, dit M. Joli-Coeur.

Parmi les sept nouveaux postes, il y en a un de directeur général à la création/innovation. Le titulaire chapeautera les directeurs des programmes français et anglais.

«Les programmes français et anglais conservent leur indépendance, mais je veux une meilleure vision commune à l'ensemble de l'ONF, et le directeur création/innovation sera là pour cela», affirme M. Joli-Coeur.

Depuis son entrée en fonction en janvier dernier, ce dernier a réduit de huit à cinq le nombre de postes au comité de direction. «On travaillait trop en silos. Je veux une organisation plus agile, plus fluide», défend le nouveau président.