Louis Bélanger avait depuis longtemps envie de faire un vrai film d'hiver, au coeur de ce blanc pays qui est le nôtre. Or, depuis deux semaines, Bélanger tourne au pied des montagnes enneigées des Laurentides, dans le froid glacial et sous un soleil de cristal. Inutile de dire que le réalisateur est comblé, malgré les engelures.

En se rendant au tournage de son prochain film, Les mauvaises herbes, à Arundel, le long de la rivière Rouge glacée, le visiteur a comme un flash-back d'un film de Gilles Carle (La mort d'un bûcheron). Il y aura, certes, un peu de Carle dans ces paysages vastes et pittoresques, ce décor à la Maria Chapdelaine qui semble figé dans le temps. Mais il y aura aussi de l'Ettore Scola dans cette comédie «à l'italienne», coscénarisée par le cinéaste et Alexis Martin, qui fait aussi partie de la distribution avec les Gilles Renaud, Luc Picard, François Papineau et une recrue, Emmanuelle Lussier-Martinez, issue du Conservatoire (promotion 2013), qu'on pourra voir sur les planches aux côtés de Guy Nadon à La Licorne, en avril.

L'histoire est assez rocambolesque. Un acteur de théâtre endetté (Martin) est poursuivi par un usurier (Picard). Il doit fuir Montréal en catastrophe. Dans sa fuite, il se retrouve dans une ferme isolée qui appartient à un ermite misanthrope.

Petit détail: ce dernier cultive également 300 plants de cannabis dans sa grange. En échange d'un refuge, les deux hommes vont dès lors collaborer. Puis, une jeune fille qui travaille pour Hydro-Nord (Lussier-Martinez) deviendra leur «otage volontaire». «Une fragile harmonie s'installe que viendra perturber l'irruption du monde extérieur...»

Un tournage froid

Le projet remonte à quatre ans, alors que Martin et Renaud tournaient Route 132 avec Bélanger.

«En discutant avec Louis, on a convenu d'écrire un film d'hiver qui explorerait la ruralité au Québec, explique Alexis Martin. Louis a une maison en campagne. Il est familier avec la réalité rurale. Actuellement, dans les régions au Québec, les gens en arrachent avec le chômage, l'exil des jeunes, etc. On constate donc le développement d'une économie parallèle, dont celle de la culture du cannabis. Mais le film parle aussi de relations intergénérationnelles, de parentalité, de transmission.»

«Le tournage est difficile parce qu'il fait très froid», remarque Gilles Renaud, qui en est à son quatrième long métrage avec Bélanger depuis Gaz Bar Blues (2003). «Un matin, on a joué une scène extérieure à -38 ºC! Mais tant mieux, car on aurait pu tomber sur un hiver gris et pluvieux. Et ça donne des images magnifiques, comme ces scènes de motoneige qui circule au pied des montagnes.»

Et comment ça se passe, un tournage avec Louis Bélanger? «Louis est très présent et à l'écoute de ce que l'équipe propose, dit Renaud. On sait où on s'en va avec lui. Il est très précis dans ses notes. Il nous tient au courant du découpage, des plans, etc.»

Les mauvaises herbes est produit par la Coop Vidéo de Montréal, avec un budget de 3,9 millions. Le tournage se terminera en mars et la sortie est prévue pour octobre 2015.