L'écrivain français Michel Houellebecq, saisissant dans le rôle d'un quinquagénaire suicidaire dans le film Near Death Experience (NDE), avoue avoir été lui-même «traversé» par des envies de suicide à l'époque de la lecture du scénario du duo Delépine/Kervern.

Le personnage incarné par Houellebecq veut se suicider «parce que la vie, ce n'est pas suffisant. Bon, j'ai accepté ce projet parce qu'il me plaisait, mais aussi parce que j'étais traversé à l'époque par des envies de me suicider, sans aucune raison», dit-il dans le quotidien Le Monde daté de mercredi, au fil d'une entrevue croisée avec les deux réalisateurs du film, en salles mercredi en France.

«Ça me surprenait beaucoup, parce que je ne voyais pas pourquoi. Pour vivre, même quand tout tourne, il y a un effort minimal à accomplir pour que ça continue à tourner», poursuit le charismatique romancier, à la dégaine improbable dans le film, en tenue moulante de cycliste et la lippe pendante.

Ce film OVNI, drôle d'objet poétique un peu morbide, est l'oeuvre du tandem déjanté Benoît Delépine et Gustave Kervern (AaltraMammuth avec Depardieu, Le grand soir avec Poelvoorde et Dupontel).

«Michel, c'est comme Depardieu. On peut le filmer en silence pendant dix minutes. Il se passe quelque chose. (...) C'est une présence incroyable. Sa voix même est captivante, émouvante», dit Gustave Kervern.

Dans La carte et le territoire, prix Goncourt 2010, Michel Houellebecq mettait déjà en scène son propre assassinat.

NDE a été réalisé en une dizaine de jours dans le Sud de la France, avec un petit budget, une équipe réduite et un seul acteur ou presque: Michel Houellebecq.

Le personnage pète les plombs et part dans la montagne avec l'intention de mettre fin à ses jours. On y entend l'enfant terrible de la littérature française dérouler en voix off les pensées de ce désespéré, à la fois touchant et pathétique.