En trois mots et deux mimiques, il savait nous faire rire, nous émouvoir, nous séduire, nous conquérir. Depuis hier soir, à l'annonce de sa mort volontaire et totalement inattendue, Robin Williams, 63 ans, nous fait pleurer.

Un des comédiens les plus doués de son époque, gagnant d'un Oscar pour son rôle de Sean Maguire dans Good Will Hunting, Williams a été retrouvé sans vie à son domicile de Tiburon, dans le nord de la Californie. La police a conclu à un suicide par asphyxie.

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Selon de nombreux reportages diffusés hier soir, Williams souffrait d'une grave dépression depuis un bon moment. Il avait également fait une rechute dans sa lutte contre l'alcool. Cela l'avait conduit dans une clinique du Minnesota au début du mois de juillet.

Selon un rapport de la police du comté de Marin, en Californie, sa mort a été prononcée à 12h02, heure locale. Un appel avait été fait à la centrale du 911 à 11h55 faisant état d'un homme retrouvé inconscient et ne respirant pas.

Williams avait été vu vivant pour la dernière fois dimanche, vers 22h.

L'annonce de sa mort a suscité d'innombrables réactions dans les médias et les médias sociaux. Au même moment, des adeptes se retrouvaient autour de son étoile sur le Walk of Fame de Hollywood Boulevard pour lui rendre hommage.

Dans un communiqué envoyé au New York Times, sa troisième épouse, Susan Schneider, a écrit: «Ce matin, j'ai perdu mon mari et mon meilleur ami tandis que le monde a perdu un de ses artistes bien-aimés et un merveilleux être humain. J'ai le coeur brisé, a écrit Mme Schneider. Au nom de la famille de Robin, je demande qu'on respecte notre intimité pendant notre deuil. Nous espérons qu'on se souviendra plus des rires et des moments de joie qu'il a donnés à des millions de gens plutôt que des circonstances de sa mort.»

Dans la grande communauté artistique américaine, les réactions étaient innombrables. «Une nouvelle qui brise le coeur. Que son âme repose en paix», a écrit Rihanna sur Twitter. «Heartbroken», a simplement lancé Danny DeVito. «Merci de nous avoir apporté autant de rires et de joie», a lancé Lea Michele en évoquant cette «triste nouvelle». «D'une gentillesse légendaire, furieusement drôle, un génie et une grande âme. Quelle perte!», a écrit Michael J. Fox. «Quelle perte tragique! s'est exclamé Ozzy Osbourne avant d'ajouter qu'il conservera des souvenirs incroyables de l'acteur.

Dans un communiqué diffusé vers 20h30, le président des États-Unis Barack Obama a rappelé les différents rôles du comédien en écrivant: «Robin Williams a été un aviateur, un médecin, un génie, une nounou, et tout ce qu'il y a entre ça. Mais il était unique!»

Au Québec, les réactions étaient tout aussi nombreuses. Beaucoup ont évoqué la dépression de l'acteur. «Je suis sans mots», a écrit sur Twitter la comédienne Frédérique Dufort, qui qualifie Williams d'«idole de mon enfance».

«La dépression, le cancer de l'âme», mentionne Anne Dorval. «C'est pas juste sa mort. C'est d'apprendre sa trop grande souffrance», a dit Dan Bigras. «Troublant à quel point les plus drôles sont souvent les plus tristes...», a affirmé Dany Turcotte. «L'étincelle dans son regard sensible, engagé et passionné m'a souvent bouleversée», a indiqué la comédienne Myriam LeBlanc.

Le cinéaste Xavier Dolan a écrit qu'il fut et restera d'une grande inspiration.

Rôles uniques

Né le 21 juillet 1951 à Chicago, Robin Williams avait, depuis la fin des années 1970, plus d'une centaine de rôles au petit et au grand écran à son crédit. Du Richard Pryor Show à Mork & Mindy, il a eu plusieurs rôles à la télévision. En 1982, il incarnait le personnage principal de Garp dans Le monde selon Garp, tiré du roman de John Irving.

Puis, les rôles mémorables se sont enchaînés, de Vladimir dans Moscou à New York à Adrian dans Good Morning, Vietnam, de l'inoubliable professeur Keating dans Le cercle des poètes disparus au désopilant Daniel Hillard dans Madame Doubtfire, en passant par Teddy Roosevelt dans les films Nuit au musée et le docteur Patch Adams dans le film éponyme.

L'an dernier, il avait renoué avec une série télévisée, The Crazy Ones, sur CBS. Au moment de son décès, Williams était au générique de quatre films en attente de sortie, dont un nouveau volet de Night at the Museum.

Père de trois enfants, Williams avait, au cours de sa vie, combattu à plusieurs reprises une dépendance à l'alcool. En 2006, après 20 ans d'abstinence, il avait recommencé à boire et s'était prêté à des traitements en clinique. En 2009, il avait aussi été hospitalisé pour des problèmes de valves cardiaques.

En 2011, il montait sur les planches à Broadway dans une pièce intitulée Bengal Tiger at the Baghdad Zoo, campée durant l'offensive américaine en Irak.

Il était venu partager ses souvenirs de carrière à Montréal le 5 décembre 2012 dans le cadre d'un entretien avec l'auteur canadien David Steinberg à la Place des Arts.

En 2004, il était aussi passé par Montréal pour le tournage (un caméo) du film Noël de Chazz Palminteri, selon le Bureau du cinéma de la métropole.

Une des dernières fois où le public aura entendu parler de Robin Williams remonte au 31 juillet dernier alors qu'il mettait une photo de lui et de sa fille Zelda, alors bébé, sur Instagram. Lui souhaitant un joyeux 25e anniversaire, il ajoutait: «Un quart de siècle aujourd'hui, mais toujours ma petite fille.»

Photo: fournie par Touchtone Pictures

L'acteur a brillé dans la comédie dramatique Good Morning Vietnam, de Barry Levinson, sortie en salle en 1988.