Le réalisateur Roman Polanski a annoncé jeudi qu'il préparait un film sur l'Affaire Dreyfus, soulignant l'«insistance avec laquelle les médias (et) l'armée» n'avaient pas voulu «admettre leur erreur», en écho à sa propre histoire.

Conflit majeur de la IIIe République à la fin du 19e siècle, l'Affaire Dreyfus a profondément divisé la société française autour de l'accusation de trahison faite au capitaine Alfred Dreyfus, Français d'origine alsacienne et de confession juive, sur fond de déchaînement antisémite. Condamné en 1894 à la perpétuité, le capitaine Dreyfus avait été finalement innocenté en 1898.

«Il y a un aspect qui est extrêmement intéressant pour moi, c'est l'insistance avec laquelle les médias, comme l'armée à l'époque ou comme n'importe quelle institution d'État, ne veulent pas admettre une erreur», a dit Roman Polanski.

«Dans mon expérience, je sais que, très souvent, (lorsque) un journal, un magazine fait une erreur à mon sujet ou écrit des mensonges, si je réagis, ils ont la dernière parole, ils n'admettront jamais qu'ils se sont trompés. Comme l'armée à l'époque».

En 1977, en Californie, le réalisateur alors âgé de 43 ans avait été poursuivi pour avoir violé la jeune Samantha Geimer, âgée de 13 ans.

Après 42 jours de prison, puis sa libération sous caution, le cinéaste franco-polonais, qui avait plaidé coupable de «rapports sexuels illégaux», s'était enfui des États-Unis avant le prononcé du verdict, craignant d'être lourdement condamné.

Rattrapé par l'affaire en 2009, Polanski avait été arrêté en Suisse sur la base d'un mandat international américain, puis assigné à résidence avant d'être libéré par les autorités suisses.

Le projet de long-métrage sur l'Affaire Dreyfus est actuellement en cours d'écriture.

Présenté au dernier Festival de Cannes, le prochain film de Roman Polanski, La vénus à la fourrure, doit sortir sur les écrans français le 13 novembre.