La presse suédoise a rendu un hommage unanime à Ingmar Bergman, notant mardi l'impact dans le monde de sa disparition et revenant sur les incompréhensions du passé entre le cinéaste et ses compatriotes.

«Le monde entier en deuil», titre en une Svenska Dagbladet tandis que l'autre grand journal suédois Dagens Nyheter consacre lui aussi toute sa une à la mort lundi du metteur en scène suédois avec une photo en noir et blanc et un simple titre: «Ingmar Bergman 1918-2007».

Dans un éditorial intitulé «Une oeuvre immortelle», Dagens Nyheter rappelle que la Suède et le maître ont eu des relations houleuses dans le passé, avant qu'il ne soit statufié dans les dernières années de sa vie.

«Il a donné au monde une image de la Suède qui contrastait fortement avec celle de l'État-Providence», écrit le quotidien.

«Ses films ont montré un pays avec des gens aux esprits torturés, sombres, touchés par le péché, silencieux, épleurés, et obsédés par la mort», note encore Dagens Nyheter alors que la Suède des années 60 vivait pour le confort.

Mais «le monde de Bergman est éternel et universel et avec le temps qui passe c'est devenu de plus en plus évident», selon le journal qui consacre un cahier entier sur la vie et l'oeuvre du cinéaste.

Au début de la carrière de Bergman, un critique de ce quotidien avait qualifié Sourires d'une nuit d'été (1955) de film pornographique.

Svenska Dagbladet insiste aussi dans un éditorial sur le temps qu'il aura fallu aux Suédois pour comprendre toute l'importance de Bergman.

L'oeuvre de Bergman, mettant en avant «l'irrationnel, les blessures, le sombre était en fort contraste avec l'optimisme de l'État-Providence qui régnait en Suède pendant la plus grande partie de sa carrière», écrit le journal.

Mais, conclut l'éditorial, «c'est l'art qu'il a créé qui perdure».

Les deux plus importants tabloïds suédois font aussi leur première page sur la mort d'Ingmar Bergman.

«Maintenant il va rencontrer au ciel sa chérie Ingrid von Rosen», titre en une Expressen, en évoquant la dernière femme du cinéaste morte en 1995 et dont Bergman disait qu'il ne supportait pas l'idée de ne jamais la revoir après la mort bien qu'il ne croyait ni en Dieu ni en l'au-delà.

Pour Aftonbladet qui s'était acharné contre le cinéaste dans les années 70 lors de ses démêlés avec le fisc suédois, aujourd'hui, la Suède est un peu plus à l'étroit et un peu plus grise après la mort de Bergman.