Il faut grimper plusieurs étages de l'immeuble Remstar, dans le Vieux-Montréal, passer par une hôtesse, une assistante et une salle d'attente pour arriver jusqu'à Maxime Rémillard, le maître des lieux. À 32 ans, le jeune homme dirige, avec son frère, la maison de production et de distribution Remstar. Depuis, déjà, 10 ans.

Il y a 10 ans deux jeunes fraîchement émoulus de l'Université, Maxime et Julien, jetaient les bases de ce qui allait devenir Remstar, une maison de production et de distribution établie à Montréal. À l'âge où certains seraient tentés par des promenades au bord du Gange, Maxime Rémillard, lui, avait la tête sur les épaules.

«Le cinéma a toujours été une passion pour moi. Avec mon frère, on a toujours eu l'intention de faire de la production, dit-il, sans trop de mystères. L'entrée dans l'industrie, ce n'est pas facile. On s'est dit que le meilleur angle pour entrer, c'était la distribution.»

En 1997, donc, Maxime et Julien achètent une boîte de distribution montréalaise, Prima Films. «On a ensuite monté une infrastructure pour la production. La learning curve était assez abrupte, se souvient-il. Avant de venir sur le marché québécois, on avait des entrées en Europe. On a travaillé le marché américain aussi. Au bout d'un moment, des portes se sont ouvertes.»

La première porte à s'ouvrir était américaine. Remstar coproduit et cofinance, avec des fonds familiaux, No Good Deed, un long métrage de Bob Rafaelson doté d'un budget de 25 millions. «Ça a été un gros morceau. On s'est lancés dans la fosse aux lions assez rapidement. Ça a été une belle opération financière.»

Fort de ce succès, Remstar poursuit la production américaine, tout en s'attaquant au marché québécois. Elles étaient cinq, de Ghyslaine Côté, est la première production locale de Remstar. Le secret de ma mère, et Ma fille, mon ange s'ajouteront à un catalogue en perpétuelle expansion.

Maxime Rémillard travaille dans le cinéma, et pourtant, il ne cache pas un vocabulaire "business" derrière de fumeux concepts artistiques. Dans «l'industrie», les films sont des «produits», et on y investit, à condition de connaître sa «tolérance de risque». «J'ai été éduqué dans le monde des affaires», explique-t-il tout simplement.

On dirait de Maxime Rémillard qu'il a du flair. Aujourd'hui, le producteur n'en fait aucun mystère, Remstar vise des coproductions internationales. À son pedigree, Battle in Seattle (avec Charlize Theron, présenté à Toronto) et aussi les deux films sur Mesrine, L'ennemi public numéro un et L'instinct de mort (avec Vincent Cassel et Roy Dupuis).

«Le marché québécois est plus limité, et la pérennité du cinéma québécois va passer par la coproduction. Côté technique, on n'a rien à envier à personne. C'est une question de budget, et de cast qui compte pour l'exportation. Il faut avoir un certain niveau de vedettes», dit-il.

«Le cinéma est un marché hyper compétitif. On se bat contre des studios et des filières de distribution hyper établies, depuis 80 ans. Si on veut avoir accès à ce marché, il faut une production plus accessible», juge-t-il. Et le financement public du cinéma, là-dedans? «C'est nécessaire et vital. Mais dans un plan d'affaires d'une entreprise du domaine, il faut pouvoir compter sur d'autres sources de financement.»

Son visage, sérieux durant l'entrevue, trahit un amusement presque enfantin quand on lui parle de ses rêves. Bavard et direct quand il parle affaires, Maxime Rémillard se fait plus discret sur sa personnalité qu'il ne souhaite, de toute évidence, pas rendre publique.