Le festival du film de Sundance, qui s'est ouvert jeudi dans l'Utah, propose cette année une kyrielle de comédies et des documentaires au ton intime parfois teintés d'autodérision, laissant la guerre au second plan.

«Cette année, vous verrez plus de légèreté», a déclaré l'acteur Robert Redford, à l'ouverture du festival, qu'il a fondé en 1981. «C'est le reflet de notre époque», a-t-il dit, lors d'une conférence de presse, «je pense que vous verrez plus d'humour (dans les films), même si c'est de l'humour noir».

«Le monde est si fou aujourd'hui, il est si sombre et si absurde ... les histoires sont personnelles, elles semblent être un moyen pour les réalisateurs de s'accrocher à ce qu'ils peuvent», a encore déclaré Robert Redford. «Je pense que c'est une façon de survivre».

Après des années marquées par une saturation de détails sanglants sur les conflits menés par les Américains et leurs alliés en Irak et en Afghanistan, les spectateurs de cette 27e édition sont «prêts pour le fun», estime le programmateur du festival, John Cooper.

Selon lui, «les réalisateurs n'ont pas dit tout ce qu'il y avait à dire sur la guerre en Irak, mais le public est saturé» de nouvelles du conflit.

John Cooper promet plutôt «des sujets sombres teintés d'éléments comiques» à travers les familles excentriques de Birds of America et The Wackness, ou encore un film «sur des meurtres, mais drôle» intitulé In Bruges.

«Bizarrement, Sundance n'est pas connu pour ses comédies», relève-t-il, «mais je crois que nous sommes prêts pour des sujets plus légers cette année».

Le festival propose aussi plus de films indépendants où des acteurs connus ont accepté de jouer pour des cachets modestes afin de leur donner une chance de conquérir le box-office. Michael Keaton, Colin Farrell, John Malkovich, Bruce Willis, Ben Kingsley, Jack Black, Julianne Moore ou Robert de Niro sont notamment à l'affiche.

Pièce maîtresse d'une fondation culturelle lancée par Robert Redford en 1981, Sundance, qui met en vedette les films indépendants des grands studios, est devenu un rendez-vous majeur de la profession et ironiquement, un endroit où Hollywood vient faire son marché.

Cette année, les festivaliers réunis dans la région montagneuse autour de Salt Lake City pourront voir jusqu'au 27 janvier 122 longs métrages représentant 25 pays. Parmi eux, 55 sont des premiers films, comme In Bruges, de Martin McDonagh, projeté à l'ouverture du festival. Colin Farrell et Brendan Gleeson y jouent deux tueurs à gages londoniens à qui leur patron (Ralph Fiennes) ordonne de se mettre au vert à Bruges, en Belgique.

Des prix seront remis dans deux catégories, fiction et documentaire. Seize films sont en compétition pour le prix du documentaire, parmi lesquels An American Soldier, qui montre les stratégies d'un sergent recruteur de l'armée, ou Roman Polanski: Wanted and Desired, éclairage sur la vie du cinéaste français, parti des États-Unis alors qu'il était recherché car soupçonné d'avoir eu des relations sexuelles avec une mineure.

Plusieurs autres documentaires sont consacrés à l'univers musical, ou encore à l'environnement, grâce à l'afflux de financements pour ce genre de sujet dans la foulée de l'Oscar et du prix Nobel obtenus par Al Gore après son film Une vérité qui dérange.

Dans la catégorie fiction, Frozen River porte sur le trafic d'immigrants clandestins et Crime Scene Cleaning sur le nettoyage des scènes de crimes...

Et, pour la deuxième année consécutive, 45 courts métrages seront mis à disposition en ligne par iTunes, Xbox et Netflix.