Toute ressemblance avec un personnage existant sera purement fortuite... Un film dramatique qui sort en Russie pour la Saint-Valentin retrace l'histoire d'un couple aimant et attaché à son pays, et dont la ressemblance avec un certain président Vladimir Poutine et son épouse est troublante.

Tout en reconnaissant «de nombreuses similitudes» avec le maître du Kremlin, le producteur Anatole Voropaïev affirme que le personnage principal du film est basé sur «une image collective», et non sur le président lui-même. «Puisque nous n'avons pas honte aujourd'hui de notre dirigeant, pourquoi ne pas créer des héros qui lui ressemblent», lance-t-il à l'Associated Press.

La sortie du film en DVD jeudi survient 17 jours avant l'élection du successeur de Vladimir Poutine à la présidence, dans une période d'incertitudes sur son rôle futur. «C'est un film sur la vie d'un politicien, sur l'amour, sur les gens en général, sur les relations humaines de tout un chacun», ajoute le producteur.

Peu de personnes ont cependant autant de points communs avec Vladimir Poutine. Ainsi, comme le président russe, le personnage principal séduit sa future épouse à Leningrad (qui deviendra Saint-Pétersbourg), puis emménage avec elle en Allemagne de l'Est, où Poutine était officier du KGB. Il rentre ensuite à Saint-Pétersbourg, avant de gravir les échelons du pouvoir à Moscou.

Le héros, Alexandre Alexandrovitch Platov, a plus de cheveux que Vladimir Poutine, mais leur style est identique. Vu de dos sur l'affiche promotionnelle, l'acteur est un clone du président. Autre indice, comme le maître du Kremlin, Platov est toujours en retard.

Les spectateurs qui ont assisté lundi soir à une projection spéciale dans un cinéma du centre de Moscou en sont sortis sans réel doute sur le véritable sujet du film. Natalia Serebrovskaïa a connu Poutine lorsqu'il vivait à Saint-Pétersbourg et affirme avoir reconnu la façon de parler et la démarche du président.

Certains membres de l'opposition ont perturbé la projection en criant «Poutine est un bourreau» et en déployant une banderole sur laquelle on pouvait lire «Poutine est un criminel». Les critiques de film ont dénoncé une oeuvre de propagande de piètre qualité.

Au cours des huit dernières années, le Kremlin a multiplié les efforts pour présenter Vladimir Poutine comme un homme ferme, fidèle et indomptable. Les téléspectateurs le voient pratiquement chaque soir à la télévision. Mais ils savent peu de choses sur sa vie privée. Il semble parler davantage de son chien que de sa famille.

La première dame, Lyudmila Poutine, apparaît rarement en public. Son président de mari voyage souvent sans elle et elle semble mal à l'aise devant les caméras. Le film va au-delà. Les filles du héros sont omniprésentes et l'épouse de Platov, Tatyana, apparaît tout autant, si ce n'est plus, que son mari. Le héros semble parfois avoir du mal à jongler entre ses obligations familiales et professionnelles. Mais il est toujours là quand il le faut, aidant son épouse à remarcher après un accident de voiture et sauvant ses filles d'une maison en flammes.

Et il y a même une scène au lit...

«Ma vision du président a changé», confie Galina Makarova, employée dans l'industrie cinématographique, après avoir vu le film. «Il montre un nouvel aspect de notre président».