Il y a une bonne et une mauvaise nouvelle. La mauvaise, c'est que Modern Love, la comédie légère réalisée par Stéphane Kazandjian, est accueillie par une critique plus que tiède, qui oscille entre la condescendance et la démolition.

La bonne c'est que, dans ce film à moyen budget signé par un cinéaste assez peu connu, Stéphane Rousseau, comme Alexandra Lamy avec qui il partage le haut de l'affiche, s'en tire plutôt bien pour ce qui est de la critique. Sentiment largement partagé: le film est plus que léger, ou carrément mauvais, et c'est dommage pour certains acteurs. Dont le sémillant Stéphane, à qui on trouve du talent pour la comédie légère.

Sur le fond, Modern Love fait partie de ces films jugés négligeables, et qui sont triés un peu par-dessus la jambe dans les médias. Il est ignoré, chose plutôt rare, par le Canard enchaîné, L'Express ou Marianne. Le Figaro et Le Nouvel Observateur lui accordent un zéro point.

Seuls le Point (deux étoiles) et Télérama (une) manifestent plus de sympathie: «Intention louable résultat plutôt raté», écrit Télérama, qui conclut: «Cette sympathique comédie est sauvée par son ange gardien, le deuxième degré.» Le Parisien, quotidien à grand tirage, est de loin le plus enthousiaste: «Sans prétention, divertissante, cette comédie se laisse regarder avec plaisir.»

Le Nouvel Observateur n'est pas tendre pour Kazandjian, «qui a naguère réalisé un film intitulé Sexy Boys, dont le titre reflétait assez justement la vulgarité. Il récidive aujourd'hui avec une bluette à tiroirs».

Certains grands journaux de province se montrent plus nuancés: «C'est certes kitsch et sentimental, mais finalement un peu de douceur dans ce monde de brutes, ça ne fera pas de mal.» Et Ouest-France estime qu'au final «on retrouve dans ce microcosme parisien de trentenaires tous les clichés rabâchés par les cinémas français autant qu'anglais. Inutile de guetter la moindre péripétie d'inédit».

Ici et là, même les critiques les plus sévères tirent leur chapeau à Stéphane Rousseau et au duo qu'il forme avec Alexandra Lamy (qui fut l'héroïne d'Un gars, une fille en France). Et il est vrai que dans ce film à la fois mince et à l'intrigue croisée prévisible - trois couples qui se croisent et se forment -, Rousseau et Lamy ont droit au seul volet un peu fantaisiste du film. Puisqu'ils jouent - souvent en chanson - les héros d'une comédie musicale à l'intérieur du film.

Ce qui sauve leurs personnages de la niaiserie très convenue dans laquelle baignent les deux autres jeunes couples.

Résultat: même Le Nouvel Observateur vante «le charme et la fantaisie des comédiens», accorde «une mention spéciale à Stéphane Rousseau», et constate avec regret qu'ils «opèrent dans le vide». Le Parisien, de son côté, note que «dans le registre risqué de la (demi) comédie musicale, le tandem formé par Stéphane Rousseau et Alexandra Lamy s'en sort plutôt pas mal.»

Un accueil qui n'est pas de nature à vous propulser à lui seul au firmament des étoiles mais qui, pour la jeune carrière française de Rousseau, est à inscrire globalement dans la colonne des plus.