L' animation japonaise jouit d'une réputation des plus enviables sur la planète cinéma, notamment grâce aux films de Hayao Miyazaki. Véritable industrie aujourd'hui, l'anime un terme qui désigne les dessins animés produits au pays du Soleil-Levant a pourtant connu des débuts assez difficiles, mais fascinants, comme on peut le constater jusqu'au 5 avril à la Cinémathèque.

Quand on pense à l'animation japonaise, les noms de Satoshi Kon (Paprika, Perfect Blue), de Mamoru Oshii (Ghost in the Shell) et, bien sûr, celui du grand maître Hayao Miyazaki (Princesse Mononoke, Spirited Away, Porco Rosso et autres Voyage de Chihiro) viennent immédiatement à l'esprit.

Ce n'est pas d'eux qu'il est question dans Aux sources de l'anime: l'animation japonaise (1924-1952). Ce qui n'enlève pas le côté exceptionnel et fascinant de cette rétrospective, la plus importante consacrée aux débuts de l'animation japonaise jamais présentée à l'extérieur du Japon, qui se tient à la Cinémathèque québécoise jusqu'au 5 avril.

D'abord, une mise en situation. En français, le terme «anime» désigne les films d'animation produits au Japon. Cela inclut les films inspirés des mangas ou qui ont donné naissance à des mangas, mais pas que ceux-là.

Né il y a deux ans à l'occasion d'une réunion du comité directeur de la Fédération internationale des archives du film, ce projet de rétrospective se fera en deux temps.

53 films, 30 ans d'histoire

D'abord, la présentation, ici, de 53 films qui font parcourir 30 ans d'histoire d'animation japonaise. Et celle, en 2009 à Tokyo, d'oeuvres canadiennes et québécoises.

Destinée aux amateurs curieux, Aux sources de l'anime est l'occasion unique de marcher sur la voie qui mène du cinéma d'animation muet des années 20 à celui des années 50 - alors que commence à s'imposer, au Japon, l'important studio Toei. Pour raconter cela, 10 thématiques: L'aube de l'animation japonaise, Les débuts du parlant (en deux volets), L'animation japonaise pendant la guerre (deux volets), L'animation japonaise pendant l'Occupation (deux volets), Quand l'animation rencontre la propagande, Quand l'animation rencontre le modernisme - Hommage à Shigeji Ogino, et Hommage à Noburo Ofugi.

Tout cela, mettant en perspective le phénomène contemporain de l'anime. Qui possède de nos jours une notoriété internationale (avec raison!) mais qui a connu une naissance difficile, étalée sur une cinquantaine d'années. À cause du manque de moyens et de l'absence de marché (difficile à croire aujourd'hui!), a fait remarquer Akira Tochigi, conservateur de la collection de films du National FilmCenter de Tokyo, lors de l'ouverture de la rétrospective, le 27 février.

Découverte, au fil des projections, des premières oeuvres connues, datant du début des années 20 et présentant des adaptations de légendes où les personnages d'animaux prédominaient. Découverte aussi de l'apparition, dans les films datant des années 30, des techniques d'animation de silhouettes et des techniques sur cellulo à l'américaine.

Un style authentique

Et puis, quelques constats surprenants: combien la popularité des «benshis» (les conteurs japonais) va retarder la généralisation du cinéma d'animation parlant, qui survient dans la deuxième moitié des années 30; combien, malgré le manque de moyens et la crise économique pendant l'occupation américaine, les cinéastes mettent en place un style authentiquement japonais, précurseur de ce qu'à présent, l'on sait?

Bref, une rétrospective qui, indique Akira Tochigi dans le texte éclairant publié dans la brochure publiée à l'occasion de l'événement, «offre aussi bien l'occasion de mettre en contexte l'animation japonaise dans l'histoire de l'animation mondiale, que de réécrire l'histoire du cinéma japonais en tant que cinéma national».

Rétrospective de l'anime japonais, à la Cinémathèque québécoise, jusqu'au 5 avril.

À VOIR

L'animation japonaise pendant l'Occupation (II)
19 mars, 20h45 et 3 avril, 18h30

Quand l'animation rencontre la propagande
20 mars, 18h30 et 2 avril, 20h30

Hommage à Noburo Ofuji
21 mars, 16h et 5 avril, 17h

Quand l'animation rencontre le modernisme
28 mars, 18h30 et 4 avril, 18h30

Quand l'animation rencontre le modernisme: Hommage à Shigeji Ogino
28 mars, 18h30 et 4 avril, 18h30