Les rencontres avec les agents et officiers affectés à différents départements au sein d’UNICEF Soudan se multiplient depuis notre arrivée au pays.

Nous avons reçu des formations liées à la sécurité, aux déplacements, aux communications et aux programmes des différentes ONG qui opèrent sur le territoire. Il est rassurant de savoir que les gens qui nous accueillent prennent autant à coeur notre sécurité.  Du même coup, nous prenons conscience de toute la logistique qu’implique chaque déplacement dans la région du Darfour.

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Le matin du 14 avril, nous survolons une bonne partie de la province.  Depuis Khartoum jusqu’à El Fashir, capitale du Nord Darfour.  Une mer de sable à perte de vue défile sous nos yeux. L’avion s’arrête dans deux des grandes villes du Darfour : Nyala au Sud, et El Geneina à l’Ouest, avant de nous mener à El Fashir, notre premier arrêt dans le cadre de notre projet. Les avions de l’ONU fonctionnent un peu comme des bus pour les coopérants des différentes agences.

J’avais oublié à quel point le soleil du Sahel est chaud.  On croirait ouvrir la porte d’un four géant dès la première respiration. 

Depuis la piste, nous pouvons déjà apercevoir les agents de l’UNICEF qui nous attendent pour nous mener à l’édifice de l’ONG à quelques kilomètres de l’aéroport.  En traversant El Fashir, nous sommes surpris par l’allure de la ville.  En général, on ne montre pas ce visage du Darfour dans les différents reportages et documentaires.  Pourtant, on trouve au Darfour, en plein coeur du désert et tout près des camps de déplacés, des villes fourmillant d’activités.

Les marchés sont bondés de gens, les couleurs des fruits et des légumes attirent notre attention. Entre les rues principales, de petites ruelles comme des corridors terreux font de la ville un gigantesque labyrinthe de sable. Sous des nuages de poussières, on aperçoit des habitants surgir d’un peu partout.

La modernité de certaines voitures et l’omniprésence des téléviseurs et cellulaires donnent l’impression d’un film d’époque où des éléments anachroniques auraient été laissés volontairement.
 
Pourtant, à quelques kilomètres seulement du centre de la ville, 55 000 personnes s’entassent dans le camp d’Abu Shouk et un peu plus de 48 000 autres dans le camp d’Al Salaam.
 
Le premier tournage avec une famille d’Abu Chouk. ayant été annulé à la suite d'une fusillade dans un des camps quelques jours avant notre arrivée, nous avons décidé de nous intéresser à un métier très pratiqué dans les camps ; celui de briquetier.

L’arrivée de plus de 32 000 soldats de l’UNAMID (United Nations Africain Mission in Darfour) et de centaines d’expatriés dans la région du Darfour a créé une hausse massive de la demande en ce qui a trait à la construction de bâtiments.  Les déplacés étant prêts à fournir une main d’oeuvre à moindre coût, cinq dollars par jour pour effectuer un travail physiquement très demandant, a permis aux habitants d’El Fashir d’envisager une construction massive de ces édifices dans la ville, pour un coût bien moindre qu’à l’habitude.

Le problème lié à ce commerce récent est que l’eau utilisée pour la fabrication des briques affecte grandement la nappe phréatique du sous-sol des camps. Des 32 pompes à eau qu’on trouve dans les camps, trois sont maintenant à sec. L’UNICEF observe que 5 à 7 de ces pompes ne fonctionnement plus à plein régime. L’organisme insiste sur l’importance de remédier à la situation car dans 6 à 8 mois, l’accès à l’eau sur le terrain pourrait devenir problématique.

Nous repartons à la maison ébranlés par la réalité frappante des camps, mais aussi empreints des sourires accueillants des enfants et des habitants qui, je le pense plus que jamais, méritent d’attirer notre attention.

Stéphanie

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