Le Festival de Cannes qui démarre mercredi promet des sensations fortes avec des films singuliers en compétition pour la 61e Palme d'or, venus d'Israël, d'Argentine ou des Philippines, grâce aussi au retour très attendu de Clint Eastwood, cinq ans après Mystic River.

Le Brésilien Fernando Meirelles, venu sur la Croisette en 2002 avec La cité de Dieu, brillante fiction survoltée sur la guerre des gangs à Rio, ouvrira le festival (14-25 mai) avec un thriller philosophique, Blindness, qui réunit Julianne Moore, Mark Ruffalo, Danny Glover et Gael Garcia Bernal.

Adapté du roman L'aveuglement de l'écrivain portugais José Saramago, Prix Nobel de littérature 1998, il relate une mystérieuse épidémie de cécité.

Cannes 2008 sera marqué par le retour, cinq ans après Mystic River, de l'acteur-réalisateur Clint Eastwood qui dévoile Changeling, une fresque sur l'Amérique des années 1920 où Angelina Jolie campe une femme en plein désarroi après le kidnapping de son fils.

Eastwood pourrait ravir ses fans avec une apparition-surprise sur la plage, où sera projetée une version restaurée du légendaire Inspecteur Harry.

Côté paillettes, les stars américaines seront là en force: Angelina Jolie, Benicio Del Toro qui campe le guérillero Ernesto Guevara dans Che de Steven Soderbergh, Penélope Cruz et Scarlett Johansson à l'affiche du dernier Woody Allen Vicky Cristina Barcelona, ou encore Harrison Ford et Steven Spielberg, réunis par un quatrième épisode d'Indiana Jones.

Plus inattendu, le boxeur américain Mike Tyson dont la vie est racontée dans un film de la section Un certain regard et le légendaire footballeur argentin Diego Maradona filmé par Emir Kusturica, fouleront eux aussi le tapis rouge.

La compétition accueille des cinéastes qui ont déjà décroché une Palme d'or: Atom Egoyan (Adoration), Wim Wenders (The Palermo Shooting), les frères  Dardenne - couronnés en 1999 et 2005 - avec Le silence de Lorna.

Mais elle fait aussi place à des nouveaux venus qui promettent des sensations fortes.

L'Israélien Ari Folman réveille de traumatisants souvenirs personnels avec son documentaire d'animation - un genre inédit - sur les massacres commis dans les camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila, à Beyrouth en 1982.

Deux jeunes Argentins déjà venus sur la Croisette, mais pour la première fois en lice pour la Palme d'or, offrent chacun un portrait de femme.

Pablo Trapero dévoile Leonera où sa compagne Martina Gusman campe une mère forcée d'élever son enfant en prison, tandis que Lucrecia Martel montre La femme sans tête où Maria Onetto est dévorée par le remords après un accident de voiture où elle craint d'avoir ôté la vie à quelqu'un.

Avec le Brésilien Walter Salles, qui cosigne avec Daniela Thomas Linha de Passe, ils composent une belle section latino-américaine.

Parmi les films attendus signés par de jeunes cinéastes figurent 24 City où Jia Zhangke ausculte les fractures causées en Chine communiste par le récent capitalisme triomphant, Serbis de Brillante Mendoza qui dresse le portrait de gigolos philippins, ou encore Les trois singes du Turc Nuri Bilge Ceylan.

Cet aquarelliste des sentiments était en compétition en 2006 avec Les climats, un film à la photographie soignée, sous influence antonionienne.

Côté français, Arnaud Desplechin dévoile Un conte de Noël, une chronique familiale tourmentée avec Catherine Deneuve et Mathieu Amalric, Laurent Cantet présente Entre les murs sur la vie dans un collège difficile et Philippe Garrel dirige son fils Louis dans La frontière de l'aube.