Michèle Richard n'avait plus fait de cinéma depuis La Postière, en 1991. Pourtant, elle se défend bien d'effectuer un retour au 7e art avec sa participation au film Truffe.

Un retour, on en fait un quand on a le sentiment d'avoir quitté le navire un temps, ce qui n'a jamais été le cas de Michèle Richard. «Je fais depuis toujours le même métier. Ce ne sont que différentes facettes de mon travail. Que je sois animatrice, chanteuse ou comédienne, que je fasse de la radio, de la télé, de la scène ou du cinéma, c'est pareil, pour moi. En tout cas, c'est ainsi que je vois les choses.»

Elle a accepté de jouer dans Truffe en partie à cause de l'impression que lui a faite le réalisateur Kim Nguyen.

«Il était venu me voir à la fin d'un spectacle au Casino et il a véritablement piqué ma curiosité par son attitude, son assurance, son intelligence, a raconté Mme Richard. Quand quelqu'un vient te voir avec un projet de film qu'il a écrit, qu'il dirigera et coproduira en te disant qu'il te veut pour un rôle, tu prends ça au sérieux. C'est d'ailleurs l'une des forces de ce film : le casting. Chaque personnage est bien choisi, bien campé.»

La Madame Kinsdale qu'elle incarne est une intrigante, curieusement stoïque. On la devine vite malfaisante. Tête dirigeante de l'étrange Maison des cols, elle magouille pour prendre le contrôle du lucratif marché de la truffe. Ses méthodes sont peu orthodoxes et pas du tout catholiques.

«Le punch et la fin du film nous aident à comprendre pourquoi elle est comme ça. Mais en même temps, ça ouvre la porte sur un autre questionnement : qui manigance au-dessus d'elle?»

Eclat soudain à l'autre bout du fil. Dans la limousine qui l'amène en Outaouais en compagnie d'autres comédiens du film, ça chahute un tout petit peu. «Vous ne pouvez pas voir ce qui se passe, mais c'est très drôle! J'emmène mon chien partout avec moi, vous savez. Je n'ai pas eu d'enfants, alors je trimballe mon Jessie James. Et un gros Labrador de 82 livres, ça bave! Là, ils viennent d'utiliser le dernier mouchoir qu'on avait pour essuyer les dégâts mais on n'est vraiment pas rendus en Outaouais!»

Visiblement, la situation n'inquiète pas trop la maîtresse du Labrador. Elle sait qu'il saura se tenir. Après tout, c'est un grand voyageur qui a des kilomètres d'avion, de train et de voiture à son compteur personnel. Michèle Richard ne s'empêche jamais d'aller quelque part avec son chien. On n'est pas donc surpris d'apprendre que la fille de Ti-Blanc Richard, lorsqu'elle était enfant, rêvait de devenir vétérinaire.

«Mais le choix, je n'ai pas eu le temps de le faire. Depuis que je suis toute petite, je baigne dans le monde du showbiz. J'étais une enfant de la balle, je n'ai pas connu autre chose. En grandissant, j'ai juste continué à faire ce que mes parents faisaient. Ma vie, c'est mon métier. Il m'a beaucoup donné. Et il m'a tout pris : je n'ai pas eu d'existence en dehors de ça. Mais je ne regrette rien. On s'est bien tenus en vie, le métier et moi.»

Et elle n'est pas près de décrocher, Michèle, même si elle poursuit une tournée d'adieu sur planches.

«Je n'ai pas l'intention de prendre ma retraite, mais la scène, la tournée, ça demande énormément d'énergie. Pendant que j'avais cette énergie-là et le goût de le faire, j'ai décidé de me lancer. Je ne chante plus de la même façon qu'à 10 ans, je n'ai pas le goût de chanter de la même façon qu'il y a 20 ans non plus. Il y aura différentes chansons de tout mon répertoire. Ce sera ma dernière tournée, mais faire un disque, de la télé ou du cinéma, je ne dis pas non.»

Non, Michèle Richard ne fera jamais de «retour». Ni en cinéma, ni à la télé, ni en chansons. Elle aime beaucoup trop toutes les facettes de son métier pour jouer aux éclipses!