La Mostra de Venise s'ouvre mercredi sur une note légère avec Burn After Reading, une délirante comédie des frères Coen, qui pulvérise le glamour hollywoodien de Brad Pitt et George Clooney, montrant l'un en prof de gym écervelé, l'autre en pathétique Don Juan de banlieue.

Projeté en première mondiale, hors compétition, ce film qui réunit aussi Tilda Swinton, Frances McDormand, Richard Jenkins et John Malkovich, lance la 65e édition (27 août - 6 septembre) du doyen des grands festivals de cinéma.

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Dans la soirée, Ethan et Joel Coen devaient monter les marches du Palais du cinéma avec leurs acteurs - Malkovich et Jenkins exceptés - aux côtés du cinéaste allemand Wim Wenders, président du jury cette année, et de Marco Müller, directeur artistique de la Mostra.

Le réalisateur italien Ermanno Olmi, qui recevra un Lion d'or pour sa carrière, et le Portugais presque centenaire Manoel de Oliveira, auteur d'un court métrage diffusé en préambule, sont eux aussi attendus sur le Lido.

Plus modeste que le sombre No Country for Old Men, parabole du déclin moral de l'Amérique adaptée d'un roman de Cormac McCarthy, dévoilée à Cannes en 2007 et récompensée de quatre Oscars cet hiver, Burn After Reading n'en est pas moins réalisé avec brio.

Parodiant le film d'espionnage, mêlant sexe, thriller et le féroce humour noir des Coen, c'est avant tout une comédie enlevée, écrite pour le plaisir de réunir «ces acteurs-là» dans des rôles de «sympathiques crétins», ont déclaré ses réalisateurs lors d'une conférence de presse.

«J'ai fait trois films avec les Coen, ceux qu'ils appellent leur trilogie de films idiots», dont O'Brother en 2000 et Intolerable Cruelty en 2003, a relevé George Clooney, son inoxydable sourire aux lèvres.

«Cela faisait longtemps que je voulais tourner avec eux, et j'ai été très heureux qu'ils m'appellent», a rapporté Brad Pitt, panama blanc sur la tête. «Mais comme George, après avoir reçu le scénario, je n'étais pas sûr que ce rôle, écrit pour moi, soit très flatteur!»

Dans Burn After Reading, Brad Pitt, icône des magazines people et l'une des têtes d'affiches les plus cotées de Hollywood, campe Chad, un gentil garçon à la cervelle pleine de courants d'air, les fesses moulées par d'affreux shorts.

Prof de gym d'une salle de sport de la banlieue de Washington, il s'allie à sa collègue Linda (Frances McDormand), une célibataire vieillissante qui rêve d'«optimiser son potentiel» de séduction grâce à la chirurgie esthétique, pour extorquer de l'argent à Osborne Cox (John Malkovich), un agent de la CIA.

En possession d'un CD égaré par Osborne qui contient, supposent-ils, une foule d'informations confidentielles, Linda et Chad tentent de faire chanter l'espion, ignorant que celui-ci vient d'être renvoyé pour alcoolisme.

En conflit ouvert avec Katie (Tilda Swinton), sa glaciale et cupide épouse qui le trompe avec Harry (George Clooney), un séducteur de pacotille accro à Internet, Osborne s'avère être un «pigeon» plus coriace que prévu.

Les acteurs s'en donnent à coeur joie dans cette farce, en particulier Frances McDormand, lauréate d'un Oscar de la meilleure actrice en 1996 pour son rôle dans Fargo des frères Coen et à la ville, épouse de Joel.
 
Sous la pochade affleure la noirceur des cinéastes dans une conjuration d'imbéciles à qui les slogans consuméristes tiennent lieu de morale, mus par la cupidité et l'égoïsme... mais aussi la peur panique de la solitude et de l'âge.

Jeudi, Akires to Kame du Japonais Takeshi Kitano et Jerichow de l'Allemand Christian Petzold, les deux premiers des 21 films en compétition pour le Lion d'or, seront dévoilés.