Le brillant scénariste mexicain Guillermo Arriaga débute à la réalisation avec The Burning Plain, en compétition vendredi à la 65e Mostra de Venise, à l'instar du thriller érotico-littéraire Inju de Barbet Schröder, fraîchement accueilli.

La veille, le théâtre lyrique de la Fenice recevait le grand couturier italien Valentino, vedette d'un soir avec la projection de The Last Emperor, un documentaire-hommage réalisé par un journaliste du magazine Vanity Fair.

En lice pour le Lion d'or, The Burning Plain relate une tragédie familiale enfouie dans le passé d'une jeune femme.

Incarnée par la blonde Charlize Theron, également coproductrice, Sylvia est responsable de la salle d'un grand restaurant de Portland. Accumulant les amants d'un soir, elle semble tenaillée par un lourd chagrin.

??des milliers de kilomètres de là, près de la frontière du Mexique, une mère de famille jouée par Kim Basinger retrouve en cachette, dans une roulotte au milieu du désert, un homme marié qu'elle aime passionnément. Sa fille adolescente, Mariana (Jennifer Lawrence), la surveille.

Une enfant voit le bimoteur de son père, employé par les agriculteurs pour répandre des pesticides dans leurs champs, s'écraser sous ses yeux. Qu'est-ce qui les lie entre eux?

Complexe, le scénario du film d'Arriaga est fait d'un écheveau de trames parallèles qui se rejoignent peu à peu et d'incessants allers-retours vers un passé qui semble contemporain du présent.

Cette virtuosité narrative est la marque de fabrique des trois histoires - Amores Perros (1999), 21 Grams (2003) et Babel (2006) -, écrites par Arriaga et réalisées par son compatriote Alejandro Gonzalez Inarritu.

Robert Elswit, récompensé d'un Oscar pour son magnifique travail sur There Will Be Blood de Paul-Thomas Anderson, signe la photographie du film.

Mais excepté quelques séquences dans le désert et une scène au bord d'une falaise, Arriaga peine à sublimer les paysages dont il a voulu faire ressortir, a-t-il dit à Venise, les «quatre éléments: «le feu, la terre, l'air et l'eau».

Subtilement joués par des comédiens irréprochables, les personnages illustrent chacun un combat avec la mort, un thème qui fascine Arriaga.

«Je crois que la tâche d'un écrivain ou d'un réalisateur, c'est de faire réémerger la mort» à une époque qui la nie, a conclu Arriaga, 50 ans.

Adapté du roman Inju d'Edogawa Ranpo, Inju, la bête dans l'ombre, qui sort mercredi en France, est lui aussi en compétition.

Barbet Schröder - Le mystère Von Bülow (1990), La vierge des tueurs (2000), L'avocat de la terreur (2007) - y dirige Benoît Magimel dans le rôle d'Alex Fayard, un jeune écrivain à succès spécialiste de littérature nippone.

Fasciné par Shundei Oei, un romancier auteur d'effrayantes histoires criminelles, Fayard débarque au Japon pour un cycle de conférences.

Il y rencontre alors Tamao (Lika Minamoto), geisha qui se dit menacée par un ancien amant, lequel pourrait être le ténébreux Shundei Oei, dont nul ne connaît le visage.

Indéniablement, les codes du film noir abondent dans Inju. Mais cet univers, campé à la hâte et avec une certaine maladresse - l'intrigue fourmille de détails invraisemblables - est desservi par le jeu de Magimel qui ne communique à aucun moment au spectateur la sensation du danger.

Si certains ont apprécié un «côté série B affiché», celui-ci n'est pas voulu par le cinéaste, selon qui ce thriller doit être vu «au premier degré».

Le film a récolté quelques très vifs sifflets à la fin de deux projections, tandis que l'équipe recevait un accueil assez glacial lors d'une conférence de presse largement dépeuplée.