Présenté du 17 au 21 septembre, le Festival international du film haïtien de Montréal consacre sa 4e présentation au vaudou. Allumez les lampions...

«Je peux dire, sans me tromper, que nous allons offrir la plus grande rétrospective de films sur le vaudou en Amérique du Nord».

Fabienne Colas, actrice et fondatrice du Festival du film haïtien de Montréal (FIFHM), ne semblait pas peu fière de sa programmation, mercredi en conférence de presse.

Sur 53 films présentés (documentaires, fictions, courts et longs métrages) 25 seront en effet consacrés au vaudou, cette «religion» parallèle qui continue d'être taboue pour nombre d'Haïtiens.

«Ayant été élevée dans une famille chrétienne très antivaudou et ayant fréquenté une école catholique, je dois avouer que je n'y connais pas grand-chose, a expliqué Fabienne Colas. J'ai grandi avec des préjugés horribles par rapport au vaudou, alors comme beaucoup d'entre vous, j'ai voulu partir à sa découverte et tenter de le démystifier, ne serait-ce qu'un peu.»

C'est le long métrage Minuit, une histoire d'envoûtement et de magie noire réalisée et interprétée par Mme Colas elle-même, qui ouvrira le festival au Centre Leonardo da Vinci.

Pas de danger de conflit d'intérêts, s'est justifiée la jeune femme en voyant notre étonnement, puisque «le film n'est pas en compétition»... Pour Fabienne Colas, Minuit ne cadre pas seulement avec le thème de ce 4e festival, «il montre aussi à quoi ressemble le cinéma haïtien fait à Montréal, un cinéma fait à partir de rien».

Parmi les autres fictions consacrées au vaudou, le FIFHM présentera London Voodoo, du réalisateur anglais Robert Pratten, L'emprise des ténèbres de Wes Craven, Chimen Payson, de l'Haïtien Moise Kharmeliaud et L'obsession, du Montréalo-Haïtien Jean-Alix Holmand. Une quinzaine de documentaires viendront s'ajouter à cette programmation pour le moins intrigante, dont L'arbre de l'oubli, qui se penche sur une vieille histoire d'esclavage oubliée dans les Antilles mais toujours vivante au Bénin.

En marge du cinéma, le FIFHM organise par ailleurs une exposition reliée au vaudou. Présenté du 16 septembre au 11 octobre à la galerie Mosaïk Art (4897, boul. Saint-Laurent) Art, Mystère et Religion! met en vedette des objets de rites vaudou et des tableaux de peintres Haïtiens inspirés par cet univers ésotérique.

Pour compléter le portrait, une conférence (Le vaudou, d'Haïti à Montréal) se tiendra toute la journée du 20 septembre à la salle Fernand-Daoust du Centre Saint-Pierre (1212, rue Panet). Plusieurs personnalités du milieu, dont des théoriciens, des pasteurs chrétiens et des pratiquants, participeront au débat. «Nous allons essayer de sortir du débat manichéen qui entoure trop souvent la question du vaudou», souligne journaliste et politologue Pierre Emmanuel, qui agira comme modérateur.

Fait à noter, le Festival du film haïtien se tiendra cette année dans quatre salles montréalaises. En plus du Centre Leonardo da Vinci, les projections auront lieu au Cinéma Guzzo Lacordaire, au Cinéma ONF et au Cinéma du Parc.

On ajoutera que Francine Grimaldi, la plus «black» des Québécoises pur jus, est marraine de l'événement pour la deuxième année consécutive. Enthousiaste, la vadrouilleuse aux turbans multicolores ne s'est pas fait prier. «J'ai cherché au FFM, et je n'ai vu aucun film venu d'Haïti. C'est dire à quel point le Festival du film haïtien est une nécessité. Ce n'est pas un cinéma d'avant-garde. Mais il reflète une réalité....»

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Le Festival du film haïtien, du 17 au 21 septembre. Infos: www.festivalfilmhaïtien.com