Avec Slumdog Millionnaire, Danny Boyle confirme qu'il n'a rien perdu de la touche magique qui a fait de lui l'un des meilleurs cinéastes britanniques de sa génération, il y a une douzaine d'années. Trainspotting, l'un des films cultes des années 90, c'était lui.

Le buzz autour de son dernier film n'était pas surfait. À l'issue de la projection, hier après-midi, c'est un public tombé sous le charme qui a applaudi chaleureusement, y allant d'une seconde ovation après l'amusante chorégraphie du générique final. De toute évidence, Slumdog Millionnaire saura séduire un public à la recherche de belles histoires, racontées autant avec la tête qu'avec le coeur.

Danny Boyle est un réalisateur éclectique, capable de jouer sur plusieurs registres. Avec Slumdog Millionnaire, il tâte cette fois de la fable amoureuse, et pas n'importe où, dans l'Inde des bidonvilles, des nouveaux riches et... des coulisses de la version locale du célèbre jeu télévisé Who Wants to Be a Millionaire.

L'adaptation du roman de Henry Fielding suit la vie de misère de deux frères orphelins, Jamal et Salim, dont la survie dans un monde sans vergogne tient à leur grand sens de la débrouillardise. C'est ainsi qu'ils échapperont de justesse à des abuseurs d'enfants, qui n'hésitent pas à rendre aveugles ceux ayant la plus belle voix, dans le but qu'ils rapportent davantage en quêtant sur la rue.

Une fois adolescents, les deux frères emprunteront des routes différentes. Salim deviendra le riche homme de main d'un escroc, alors que Jamal (excellent Dev Patel) vivra une vie honnête, s'évertuant à retrouver l'amour de sa vie, Latika, une autre orpheline des bidonvilles qu'il a perdue de vue une fois et une autre, à son grand malheur.

L'émission Who Wants to Be a Millionnaire (avec, à la clé, 20 millions de roupies...) fournira à Jamal l'occasion rêvée de la retrouver pour de bon. Or, comment un jeune adulte ne sachant ni lire ni écrire a-t-il pu se retrouver là, et, de surcroît, devenir la coqueluche de l'Inde tout entière? La réponse est livrée au compte-gouttes, au fil d'un scénario tout ce qu'il y a de plus rusé et original, qui fait évoluer en parallèle, sur plusieurs époques, le destin et les autres hasards de vie de ces «trois mousquetaires» du Gange. Les habitués du quiz et de ses règles, davantage que les autres spectateurs, verront peut-être venir la finale, n'empêche Boyle a su garder une carte dans sa manche pour notre plus grand bonheur.

Film porteur d'espoir dans un monde de cupidité, Slumdog Millionnaire fait jaillir, sans jamais verser dans la facilité ou l'eau-de-rose, ce qu'il y a de la meilleur en l'homme. On ne peut que s'incliner bien bas devant le talent de Boyle. Un coup de coeur comme on les aime.