En ces temps d'incertitude, le FNC affiche haut et fort ses couleurs pour la diversité culturelle, fort d'une programmation éclectique, construite au gré des coups de coeur de ses artisans.

«And I Mean All Audiences!» Le directeur de la programmation Claude Chamberlan évoquait ainsi hier la ferme intention des artisans du Festival du nouveau cinéma d’atteindre tous les publics. Pour cette 37e présentation, le FNC ratisse large en proposant un menu aussi copieux que costaud, composé principalement de morceaux choisis et attendus.

Entièrement dédié à Claude Forget, chef de file dans la distribution du cinéma indépendant, récemment disparu, le Festival du nouveau cinéma présentera aux cinéphiles pas moins de 250 films, tous formats confondus, provenant d’une soixantaine de pays.

Deux films québécois auront l’honneur d’ouvrir les festivités le 8 octobre. Fort de nombreux prix glanés au gré de différents festivals, dont le prix du meilleur court métrage de la Semaine de la critique du Festival de Cannes, Next Floor, un excellent film signé Denis Villeneuve, fera enfin son entrée montréalaise. Au même programme, Un capitalisme sentimental d’Olivier Asselin. Le troisième long métrage de l’auteur cinéaste québécois, à qui l’on doit notamment La liberté d’une statue, y sera présenté en première mondiale. Entre les murs de Laurent Cantet, lauréat de la Palme d’or du Festival de Cannes, clôturera la manifestation le 18 octobre. Entre ces deux pôles, une kyrielle de productions et d’événements, regroupés au sein d’une dizaine de sections différentes, dont les 19 longs métrages de la sélection internationale, en compétition pour la Louve d’or.

Des rencontres et des hommages sont aussi inscrits au programme. Le cinéaste britannique John Boorman profitera notamment de la présentation de son dernier-né, The Tiger’s Tail, pour donner une leçon de cinéma (MasterClass) ouverte à tous le 10 octobre. Jacques Doillon, dont le plus récent film, Le premier venu, fait aussi partie de la sélection, en fera de même le 9 octobre, tout comme Abdellatif Kechiche, heureux réalisateur de L’esquive et de La graine et le mulet, le 16 octobre. On compte par ailleurs aussi le cinéaste Atom Egoyan (Adoration) et l’actrice Yolande Moreau (Séraphine) au nombre des invités ayant déjà confirmé leur présence.

En ces temps d’incertitude pour le milieu culturel, le directeur général du FNC, Nicolas Girard Deltruc, a réitéré les grandes ambitions entretenues par ses artisans, notamment sur le plan de la diversité et de la diffusion des œuvres. Il en a en outre appelé à la solidarité du milieu et des médias.

De son côté, Claude Chamberlan s’est réjoui du fait que, campagne électorale oblige, le nom de Stephen Harper n’apparaisse nulle part dans le programme du Festival.

Le 37e Festival du nouveau cinéma se tiendra du 8 au 19 octobre à Ex-Centris, au Cinéma Impérial, à la Cinémathèque québécoise, au Cinéma du Parc, et à la Tanière, située dans le Coeur des sciences de l’UQAM. Les billets individuels, les carnets de billets, et le catalogue seront disponibles le 4 octobre dès midi à Ex-Centris. On peut téléphoner à la ligne Info-Festival (514) 844-2172 ou visiter le site internet nouveaucinema.ca

Les films du 37e FNC

> Sélection internationale : Louve d'or

Constituée de 19 longs métrages, premières ou deuxièmes oeuvres de jeunes cinéastes, cette section regroupe les films en compétition pour la Louve d'or. Parmi les titres sélectionnés, signalons l 'entrée québécoise À l'ouest de Pluton, un premier long métrage coréalisé par Henry Bernadet et Myriam Verreault. «Ça m'a pulvérisé!» a commenté hier Claude Chamberlan lors de la conférence de presse. Mentionnons aussi Estômago de Marcos Jorge; Tulpan de Sergey Dvortsevoy; sans oublier les incontournables Hunger de Steve McQueen (Caméra d'or à Cannes), et Valse avec Bashir, ce documentaire d'animation d'Ari Folman, aussi favori des festivaliers sur la Croisette en mai dernier.

> Présentation spéciale/Panorama international

Grands noms du cinéma et meilleures productions de l'année se retrouvent dans ces deux sections phares du festival. Du côté des présentations spéciales, on note les présences d'Adoration (Atom Egoyan), et de 12 (Nikita Mikhalkov), Four Nights with Anna de Jerzy Skolimowski, Il Divo (Paolo Sorrentino), Inju, la bête dans l'ombre (Barbet Schroeder), Palermo Shooting (Wim Wenders), Papa à la chasse aux Lagopèdes (Robert Morin), Les plages d'Agnès (Agnès Varda), Rachel Get ting Married (Jonathan Demme), Les trois singes (Nuri Bilge Ceylan), Lady Jane (Robert Guédiguian), sans oublier Filth and Wisdom, une réalisation de Madonna.

Dans la section Panorama international figurent notamment A Year Ago in Winter (Caroline Link), C'est dur d'être aimé par des cons (Daniel Leconte), Elle veut le chaos (Denis Côté), Gomorra (Matteo Garrone Grand prix du jury à Cannes), Nés en 68 (Olivier Ducastel et Jacques Martineau), Le premier jour du reste de ta vie (Rémi Bezançon avec Marc-André Grondin), Séraphine de Martin Provost, Synecdoche, New York (Charlie Kaufman), de même que les deux plus récents films de Rodrigue Jean, Hommes à louer et Lost Song.

> Focus/Temps Zéro

La section Focus regroupe 19 oeuvres en provenance du Québec et du Canada. Adam's Wall (Michael Mackenzie), Demain (MaximeGiroux), La mémoire des anges (Luc Bourdon), Derrière moi (Rafaël Ouellet) et Fifty Dead Men Walking (Kari Skogland), entre autres, y sont inscrits. Temps Zéro célébrant son cinquième anniversaire, la programmation s'annonce particulièrement chaude dans cette section. Le controversé Martyrs (Pascal Laugier) sera jeté en pâture aux cinéphiles en mal de sensations fortes. On note aussi la présentation de Ashes of Time Redux, le classique «refait» de Wong Kar-wai, de même que celle de The Hurt Locker (Kathryn Bigelow), Detroit Metal City (Toshio Lee), The Good, the Bad, the Weird (Jee-Woon Kim), Eldorado (Bouli Lanners), Nollywood Babylon (Ben Addelman et Samir Mallal), tout autant que celle de JCVD (Mabrouk el Mechri), ce film dans lequel Jean-Claude Van Damme plonge dans une introspection étonnante. Ça va probablement saigner.