Deux ans après Casino Royale, Daniel Craig reprend du service dans le rôle du plus célèbre agent secret de Sa Majesté. Cette fois, il a eu l'occasion de participer davantage au processus créatif.

Il entre dans la pièce où se déroule l'entrevue et les journalistes retiennent déjà un peu leur souffle. Vêtu d'un complet noir, chemise et cravate noires assorties (il est le modèle de Tom Ford), Daniel Craig emprunte la prestance de James Bond à la perfection (ou serait-ce le contraire?). L'acteur a pourtant le bras en écharpe, les exigences physiques du rôle ayant apparemment laissé quelques traces. Bond blessé? Allons donc!

«On a dû m'opérer à l'épaule car les tournages de ces deux films ont progressivement accentué une petite fragilité déjà existante, explique l'acteur pour la quarante millième fois depuis le début de cette journée consacrée à la promotion de Quantum of Solace. Mais ne craignez rien, tout cela se remettra en place très vite!»

À peine deux années se sont écoulées depuis la sortie de Casino Royale, le film qui a remis les compteurs de la franchise à 007. Pourtant, le contexte ne pourrait être plus différent. L'époque où les internautes s'en donnaient à coeur joie sur le web pour dénoncer la «nomination» de Craig est bien révolue. Celui que personne ne pressentait pour incarner le plus célèbre agent secret de Sa Majesté a brillamment confondu les sceptiques.

«Nous savions très bien ce que nous faisions! rappelle la productrice Barbara Broccoli. La présence de Daniel est tellement forte que dès qu'il apparaît à l'écran, tu ne peux plus détourner le regard!»

Le succès public et critique de Casino Royale a été tel que la mise en chantier de Quantum of Solace a été très rapide. D'autant plus que sa fin ouverte donnait déjà un point de départ aux scénaristes - les mêmes (Neal Purvis, Robert Wade et Paul Haggis) - pour relancer l'histoire. Pour la première fois en un peu plus de 45 ans d'existence, un film de James Bond devient ainsi la suite directe d'un opus précédent. L'intrigue de Quantum of Solace reprend en effet là où avait laissé celle de Casino Royale.

«Je ne vois pas du tout cet épisode comme le deuxième film d'une possible trilogie, prévient toutefois Daniel Craig. Faire une suite directe nous semblait tout à fait indiqué dans ce cas-ci car l'intrigue de Casino Royale laissait le spectateur en suspens. Ce n'est pas le cas cette fois. Toutes les intrigues sont résolues.»

Des différences marquées

Fort de son expérience, Daniel Craig a pu cette fois participer de façon plus marquante au processus créatif. «C'est normal, dit Barbara Broccoli, il est celui qui incarne le personnage. C'est une très grande responsabilité.»

L'acteur a notamment été consulté sur le choix du metteur en scène. Marc Forster, un cinéaste éclectique, reconnu autant pour le drame intimiste (Monster's Ball) que pour le conte fantaisiste (Finding Neverland) s'est laissé convaincre.

«J'ai évidemment beaucoup discuté avec Marc, dont j'admire la capacité de raconter des histoires avec des images fortes, explique Craig. C'est un amoureux du cinéma, un vrai cinéphile. Il est impératif de partager une vraie complicité avec un réalisateur sur un projet d'envergure comme celui-là. Un film de Bond est deux fois plus long à tourner qu'un film normal.»

Forster est bien entendu ravi de l'expérience, mais il n'avait jamais eu, dit-il, à travailler sous une telle pression, ni avec un tel budget (environ 200 millions de dollars).

«Un film de James Bond arrive déjà chargé de son histoire, explique le cinéaste d'origine allemande. Je trouvais intéressant d'hériter d'un personnage qui se trouve dans un état émotif particulier après avoir perdu la seule femme qu'il ait vraiment aimée. J'avais envie d'explorer cette douleur chez Bond.»

Cette approche a trouvé écho chez l'acteur, qui partageait aussi avec le cinéaste une certaine idée de la facture visuelle d'un Bond. «Comme nous sommes tous deux très fans des tout premiers Bond, nous estimions important de retrouver un peu l'atmosphère de cette époque, tout en ajoutant une touche très moderne, indique Daniel Craig. Il était en outre primordial à nos yeux d'aller tourner dans de «vrais» endroits. Les voyages étant maintenant accessibles à tous, il devient toutefois plus difficile de trouver des endroits exotiques!»

Affirmant avoir «beaucoup appris» durant le tournage de Casino Royale, Craig, qui a célébré son 40e anniversaire cette année, a dû se préparer très sérieusement afin de s'acquitter des exigences physiques du rôle.

«C'était un petit plus facile à gérer cette fois-ci car j'avais déjà pu mesurer mes limites pendant le tournage de Casino Royale, dit-il. J'essaie toujours de les repousser un peu plus afin que le spectateur puisse me reconnaître à l'écran. Aujourd'hui, les gens savent très bien faire la différence entre un plan avec l'acteur et un autre où un cascadeur est filmé de loin. Je ne suis pas très conscient du danger. À vrai dire, je crains surtout de gâcher une prise. Parce que quand tu rates ton coup, ça coûte cher!»

De l'aveu même de la productrice, il faudra probablement attendre plus de deux ans avant la sortie du 23e James Bond. «Quantum of Solace a pu être lancé relativement vite car nous avions déjà une idée de départ. Là, nous n'avons même pas encore commencé à penser à quoi pourrait ressembler le prochain.»

Une chose semble certaine, Marc Forster ne sera pas de l'aventure. Même s'il dit avoir été enthousiasmé par son expérience, il estime qu'un film de James Bond fait partie de ce genre de production auquel un cinéaste ne doit s'attaquer qu'une fois.

«Mais nous, on aimerait bien le ravoir!» lance pourtant la productrice. À suivre...

Ce qu'il faut savoir...

L'intrigue de Quantum of Solace reprenant là où celle de Casino Royale se terminait, il est fortement suggéré de voir (ou revoir) le premier opus (réalisé par Martin Campbell) afin de s'y retrouver.

Voici tout de même quelques clés pour bien comprendre le nouveau film.

Casino Royale se concluait par une trahison, d'autant plus inattendue et douloureuse qu'elle était le fait de la seule femme que Bond a véritablement aimée. Vesper Lynn (Eva Green) a toutefois préféré mourir, laissant néanmoins un indice à son homme quand ce dernier récupère le téléphone portable de la disparue et recompose le numéro du dernier appelant. Le mystérieux interlocuteur - et dernier correspondant de Vesper - est Mr. White (Jesper Christensen).

Alors que Bond s'entretient avec lui au téléphone pour simplement lui dire qu'ils doivent «se parler», un coup de feu retentit, blessant White au point où ce dernier a du mal à se déplacer. Puis, Bond apparaît devant l'homme, portable à la main, et lance sa célèbre phrase: «Je m'appelle Bond. James Bond.»

L'action de Quantum of Solace commence exactement une heure plus tard. On apprendra très vite qu'un dénommé Dominic Greene (Mathieu Amalric) aurait orchestré la trahison de Vesper. Redoutable homme d'affaires, Greene est le chef d'une organisation criminelle dont personne ne peut soupçonner l'envergure. Il compte en outre mettre la main sur les ressources naturelles mondiales.

Outre Judi Dench (M), Giancarlo Giannini (Mathis), Jeffrey Wright (Felix Leiter) et Jesper Christensen (Mr. White), qui reprennent leur rôle respectif, la distribution comprend aussi Olga Kurylenko, Gemma Arterton et Anatole Taubman.

_________________________________________________________
Quantum of Solace
(007 Quantum en version française) prend l'affiche le 14 novembre.

Les frais de voyage ont été payés par Columbia Pictures.