En pleine morosité économique, Montréal a perdu au début de l'année le tournage de War of the Gods, une production américaine d'envergure au profit de la Hongrie, a appris La Presse. Aucun tournage américain n'est pour l'instant prévu à Montréal.

L'heure est aux économies: les producteurs de War of the Gods, réalisé par Tarsem Singh, ont opté pour la Hongrie plutôt que le Québec. Doté d'un budget estimé, selon le magazine spécialisé Hollywood Reporter à 100 millions, le film fera tout de même appel au Québec pour assurer ses effets spéciaux.

«Avec le financement qui a été coupé, les studios sont prêts à faire énormément de compromis créatifs», analyse Hans Fraikin, commissaire au Bureau du cinéma et de la télévision du Québec (BCTQ). Selon M. Fraikin, la Hongrie offre 20 % de crédits d'impôt pour l'ensemble de la production, contre le crédit québécois de 25 % pour la main-d'oeuvre seulement.

Le ralentissement économique inquiète une industrie déjà fragilisée par une année 2008 peu riche en tournages étrangers. Dans les années fastes, les retombées économiques des tournages américains à Montréal s'élevaient à 400 millions (en 2002 et 2003). En 2007 encore, ils généraient 200 millions à Montréal. En 2008, les revenus avaient été sérieusement amputés puisque Montréal n'avait accueilli aucun tournage américain d'envergure.

«L'industrie ne pourrait pas supporter une autre année sans tournages américains», constate M. Fraikin. Pourtant, le Commissaire refuse de céder au pessimisme: le Bureau est constamment en relation avec des producteurs américains. Montréal attend également des nouvelles de Lionsgate, qui a tourné le pilote de Blue Mountain State à Montréal.

«Si le pilote est accepté, la série devrait se tourner à Montréal. Ça a été une super belle équipe, estime M. Fraikin. En 2007, quand les choses allaient bien, on a commencé à perdre le service à la clientèle. Ça n'a pas aidé non plus, mais pour cette série, tout le monde a travaillé très fort.»

Hans Fraikin espère toujours amener des producteurs à Montréal, qu'il démarche maintenant aux côtés de l'expert fiscal de la SODEC, Jean-Philippe Normandeau. Il faut toutefois lutter contre la sérieuse compétition fiscale des États américains, en plus de celle des pays de l'Est.

«Le problème il est là: on a une conjoncture malheureuse du climat financier et de l'offre fiscale québécoise. On a tout, sauf ce que les producteurs cherchent en ce moment le meilleur deal», dit-il.