En est-il de même en amitié comme en amour? Dans cette nouvelle comédie de John Hamburg (Along Came Polly), un trentenaire sans amis véritables (Paul Rudd) tente de s'en faire de nouveaux, histoire de trouver un témoin pour son mariage.

Il y a 17 ans, dans un épisode intitulé The Boyfriend, Jerry Seinfeld faisait remarquer qu'il était extrêmement difficile pour un homme de se faire de nouveaux amis une fois la trentaine franchie. La maturité atteinte, se trouver un seul ami intime relève même de l'exploit. Aussi l'humoriste était-il pris d'une espèce de sentiment de jalousie quand la complicité qu'il était en train de développer avec l'ancien joueur de baseball Keith Hernandez a été perturbée par l'intérêt que ce dernier portait aussi à sa copine Elaine...

On ne s'étonnera pas que I Love You, Man, une comédie dont le ton est quand même très différent de la célèbre sitcom des années 90, utilise un peu le même point de départ. Les deux oeuvres partagent en effet le même scénariste, Larry Levin. Qui se réjouit du fait que l'idée explorée à l'époque - la difficulté de maintenir des amitiés masculines en vieillissant ou (encore plus dur) de s'en créer de nouvelles - soit approfondie.

Coécrite et réalisée par John Hamburg, scénariste de la série Meet the Parents et aussi réalisateur de Along Came Polly, I Love You, Man s'inscrit dans le courant de ces franches comédies conçues par une nouvelle génération d'artisans (dont le chef de file est Judd Apatow).

Mettant en vedette Paul Rudd (Knocked Up) et Jason Segel (Forgetting Sarah Marshall), I Love You, Man relate le parcours de Peter (Rudd), un agent immobilier qui, alors qu'il s'apprête à convoler en justes noces avec sa dulcinée (Rashida Jones), s'aperçoit qu'il n'a aucun ami à qui il peut demander d'agir à titre de témoin. Les (nombreuses) amies - toutes intimes - de sa fiancée étant très préoccupées par cette réalité étrange, Peter décide de partir à la chasse à l'ami, allant même jusqu'à utiliser des services de rencontres spécialisés. C'est pourtant par un pur hasard qu'un dénommé Sydney (Segel) débarque dans sa vie....

Rudd et Segel, deux bons copains qui, bien qu'ayant déjà travaillé ensemble au cinéma, n'avaient pas encore eu jusqu'ici l'occasion de partager la vedette dans un film, ont vu là des conditions idéales.

«D'abord, nous nous faisons rire mutuellement, a indiqué Paul Rudd au cours d'une rencontre de presse tenue à New York le week-end dernier. Ensuite, ce film nous donnait l'occasion de travailler avec une bande d'amis. Nous pouvions ainsi nous laisser aller à l'improvisation. Cela dit, le scénario était déjà tellement bien écrit - et les situations tellement hilarantes - que nous ne voulions pas trop transgresser les limites à cet égard non plus.»

«Et puis, a ajouté Segel, le regard que pose cette histoire sur l'amitié masculine est dénué de tout cynisme. C'est même touchant. Le récit explore aussi des zones un peu troubles - la crainte qu'ont certains hommes de l'idée même d'une homosexualité latente - sans tomber dans les clichés habituels.»

Une approche très franche

L'une des caractéristiques communes aux comédies proposées par les artisans de la nouvelle génération réside dans cette approche très franche de la sexualité. I Love You, Man ne fait pas exception à la règle, quoique cet aspect emprunte ici une tournure plus inattendue. Dans le film de John Hamburg, ce sont en effet les filles qui se révèlent les plus «indiscrètes» dans ce domaine. Aussitôt la demande en mariage faite, Peter est en outre très étonné de découvrir à quel point sa propre vie sexuelle est connue - et discutée dans ses moindres détails - parmi le groupe d'amies de son amoureuse.

«Jamais les gars ne parlent de leur vie sexuelle de façon aussi précise! a fait remarquer Segel. Bien sûr, on parle de cul entre nous, on fait des blagues et on parle fort, mais il est très rare qu'un gars va discuter avec un autre gars de façon aussi explicite de ce qu'il a fait avec quelqu'un d'autre pendant un rapport sexuel. Les conversations de vestiaire entre gars relèvent du mythe. Les femmes sont beaucoup plus directes!»

De son côté, l'auteur cinéaste John Hamburg jure n'avoir rien inventé.

«J'espionne beaucoup les gens, a-t-il expliqué. J'adore m'installer seul à un endroit - le resto, le métro - et m'arrêter pour écouter les conversations des gens. Parfois, je pique des dialogues et je les retranscris tels quels dans mes scénarios. Très franchement, j'ai eu l'occasion de constater que les femmes abordent la question de la sexualité de façon beaucoup plus franche que les hommes.»

Hamburg est par ailleurs très fier d'avoir pu compter sur la collaboration des gars de Rush, le groupe rock qui, d'une certaine façon, scelle l'amitié entre Peter et Sydney.

«Je cherchais un band que les gars adorent, mais devant lequel les filles restent complètement indifférentes. Peu de groupes correspondent à ce profil. Il n'y a que Rush, en fait. Quand nous nous sommes retrouvés devant eux, Paul et moi, nous en avons perdu tous nos moyens. Nous ne pouvions pratiquement plus placer deux mots de façon cohérente. À vrai dire, je me suis senti comme une fillette de 14 ans qui rencontrait les Jonas Brothers!»

I Love You, Man (J't'aime mon homme en version française) prend l'affiche le 20 mars.