Neuf femmes nues couchées les unes à côté des autres: attrape-rétine à souhait, l'affiche du deuxième long métrage de Maïwenn, Le bal des actrices, met littéralement ses actrices à nu. Pour rendre hommage à ces femmes en quête d'amour, la jeune réalisatrice orchestre une mise en abyme drôle et touchante.

C'est l'histoire de Maïwenn, une jeune réalisatrice qui fait un documentaire sur des actrices: Karin Viard, une star de cinéma qui rêve de conquérir Hollywood, Charlotte Rampling, une icône inaccessible, Julie Depardieu, qui rêve d'avoir des enfants ou encore Romane Bohringer, une has been qui voudrait revenir dans la lumière.

Jouant sur les fausses vérités, Le bal des actrices est né, dit Maïwenn, «d'une envie de spectatrice». «J'ai toujours été fascinée par les films sur les actrices, mais je trouvais qu'il en manquait un du style faux documentaire. J'avais envie de voir ce film», dit la jeune femme.

Sur les actrices, Maïwenn en connaît un rayon. Fille de comédienne (Catherine Belkhodja), elle est poussée dès son plus jeune âge vers le cinéma où elle connaît le succès (L'été meurtrier, La gamine, Le cinquième élément). «Le film part quand même d'une grande fascination pour les actrices», dit-elle.

Avec ses actrices, Maïwenn s'amuse donc à décrire un quotidien sans rien taire des grands égo qui les habitent parfois. «Si une femme veut être actrice, c'est qu'elle veut être aimée: le charme naît de ce manque d'amour, de cette quête d'amour», dit la réalisatrice.

Réalisatrice d'un premier film inspiré par sa propre vie, le douloureux Pardonnez-moi - inédit ici -, Maïwenn prend, dans Le bal des actrices, le chemin de la comédie. «Je ne voulais pas rentrer dans le pathos. Les films sur les actrices parlent souvent de la beauté, de la solitude des actrices. Je voulais montrer des actrices heureuses dans leurs vies amoureuses.»

Éviter la complaisance

Le film égratigne toutefois certaines demi-vérités sur les actrices. Estelle Lefébure, connue en France pour son passé de mannequin et surtout ses ex-maris - elle a été l'épouse du fils de Johnny Hallyday et du célèbre producteur et animateur de télévision Arthur - apparaît dans le film sous les traits d'un ancien mannequin qui voudrait être pris au sérieux.

«C'était une façon de me moquer des gens qui collent des étiquettes», estime Maïwenn. Elle-même met en scène les critiques auxquelles elle fait face et s'invente un personnage proche d'elle, certes, mais dont l'égocentrisme est presque sans limites.

«Le pire piège à éviter, c'est la complaisance. C'était mon obsession. Je ne voulais jamais me mettre en valeur ou faire du «fishing for compliments». Je voulais me moquer de l'image que l'on se fait de moi», poursuit la jeune femme.

Sorti au début de l'année en France, Le bal des actrices a remporté un large succès. «Le film arrive au bon moment, mais il plaît aussi parce qu'il n'est pas prétentieux. Mes goûts de cinéphile me portent vers ce qui fait rire. Mon film parle des femmes et décrypte les névroses, mais il est assez optimiste. Il dit de vivre, au fond.»

Forte de ce succès, Maïwenn devrait porter très prochainement à l'écran le roman Rien de grave, de Justine Lévy. Dans ce roman autobiographique, la fille de l'écrivain et philosophe Bernard Henri-Lévy raconte sa rupture avec son premier mari. Fait qui n'avait pas manqué d'agiter le gratin parisien, la rupture impliquait un célèbre mannequin et aussi chanteuse, devenue, depuis, la femme du président de la République.

«J'ai acheté les droits il y a trois ans et si cela m'a un peu embêtée (le mariage de Carla Bruni et de Nicolas Sarkozy), il était hors de question que j'abandonne sous prétexte qu'elle est devenue première dame.»

Le bal des actrices prend l'affiche le 10 avril.