Une Louisiane exsangue, gangrenée par la misère et la corruption après l'ouragan Katrina, sert de cadre à Bad lieutenant de l'Allemand Werner Herzog, un polar à la bizarrerie appuyée, avec Eva Mendes en prostituée camée et Nicolas Cage en flic ripoux, dévoilé vendredi à la Mostra.

Sur le tapis rouge vendredi soir, Eva Mendes a ravi les photographes en posant dans une robe noire à dos nu, au côté de Nicolas Cage arborant un bouc.

L'Américain John Lasseter, patron du studio d'animation Pixar-Disney a reçu un Lion d'or à la carrière, tandis que la compétition se poursuivait tambour battant avec quatre films, dont Bad lieutenant.

Ce quasi-remake du film homonyme d'Abel Ferrara est le premier polar tourné à 66 ans par Werner Herzog. Situé à la Nouvelle-Orléans, il y brosse le portrait d'un homme à la déchéance morale si profonde qu'elle rappelle la démesure des héros de ses grands films Aguirre, la colère de Dieu ou Cobra Verde.

Le lieutenant McDonagh est un flic efficace qui aime franchir la ligne jaune en prenant de la drogue ou en fréquentant une prostituée.

Mais le jour où les antalgiques ne calment plus les souffrances causées par une blessure au dos, il plonge dans une spirale infernale, se procurant de la drogue dans les saisies policières.

Enquêtant sur un homicide, il nage vite en eaux troubles.

Crispé par la douleur, enragé ou riant comme un dément, Nicolas Cage livre une partition baroque qui accentue la bizarrerie d'un film aux péripéties souvent invraisemblables et à la ligne dramatique parfois confuse.

Certaines scènes ont été filmées par Herzog caméra à l'épaule, du point de vue subjectif d'un animal, caïman ou iguane, placé au bord du cadre, donnant à Bad lieutenant un parfum absurde, accentué par la fréquente intrusion d'une musique cajun joyeusement tonitruante, dans des scènes dramatiques.

«J'ai toujours aimé mettre des animaux dans mes films, et les iguanes sont si stupides et bizarres que je les aime», a dit le cinéaste, ajoutant: «Je ne sais pas pourquoi je l'ai fait, mais c'est le meilleur moment du film».

Dévoilé vendredi soir, le premier des deux films-surprise de cette 66e édition est aussi signé Herzog: il se retrouve ainsi, de façon inédite, avec deux longs métrages en compétition.

Produit par David Lynch, My son, my son, what have ye done met en scène Michael Shannon en forcené, bouclé chez lui après avoir tué sa mère, face à un policier joué par Willem Defoe.

D'inombrables flash-backs font perdre toute tension et bientôt tout intérêt, à ce polar aussi saugrenu que décousu.

De son côté, Prince of tears du Taïwanais Yonfan évoque la persécution de dissidents suspectés de communisme dans les années 1950 à Taïwan, connue sous le nom de «Terreur blanche».

Plombé par une intrigue embrouillée, une photographie violemment colorisée, une musique et des ralentis emphatiques, ce film sombre dans le mélo larmoyant.

A l'opposé, Lourdes de l'Autrichienne Jessica Hausner frappe par son austérité et son constat clinique de la réalité. Sylvie Testud y campe une handicapée qui retrouve l'usage de ses jambes lors d'un pèlerinage à Lourdes.

Depuis mercredi, les films en compétition au Festival international de cinéma de Venise (2-12 septembre) ont divisé.

Baaria «se noie dans une bruyante nostalgie, un sentimentalisme bon marché et une musique grandiloquente», juge le magazine spécialisé Variety.

The road a séduit le journal britannique The Guardian par sa «superbe adaptation» du roman de Cormac McCarthy.