La Sûreté du Québec n’y était pas, les Warriors non plus, mais de redoutables personnages hantaient la pinède d’Oka cette semaine.

Bienvenue sur le plateau de tournage du long métrage Le poil de la bête, une histoire de loups-garous, premier film d’une trilogie qui fait penser à une espèce de « Contes et légendes pas-tout-à-fait-pour-tous » du producteur Réal Chabot.

Avec le réalisateur Philippe Gagnon et les scénaristes Pierre Daudelin et Stéphane J. Bureau, trois anciens joyeux lurons de l’INIS, Réal Chabot réécrit l’histoire à plusieurs points de vue, celle des mythes de chez nous, celle des années de la colonie et celle du cinéma québécois, un peu aussi.

À l’instar des grandes productions hollywoodiennes, la campagne promotionnelle du film a commencé un an avant la sortie du premier film prévue pour l’année prochaine. La première bande-annonce, déjà en salle, sera suivie d’une deuxième avant Noël et le site web est fonctionnel.

« C’est un projet ambitieux, avoue le producteur Réal Chabot. Les distributeurs Christal et Séville y croient beaucoup. C’est un projet qu’on travaille différemment, une nouvelle approche un peu plus américaine. »

Le film doté d’un budget de 4,5 millions de dollars est réalisé par Philippe Gagnon et met en vedette Guillaume Lemay-Thivierge, Viviane Audet ainsi que plusieurs autres : Antoine Bertrand, Patrice Robitaille, Marie-Chantal Perron, Gilles Renaud, Michel Barrette et Marie-Thérèse Fortin.

« J’ai établi une wish list et je l’ai eue... » rigolait Philippe Gagnon sur le plateau du film cette semaine. Le réalisateur de Dans une galaxie près de chez vous 2 et des six premiers épisodes de Yamaska, se disait très heureux de mener cette barque surprenante dans le paysage cinématographique d’ici : un film d’aventures avec de l’humour, du drame, du suspense, de l’épouvante.

« C’est un film de ti-culs qui aiment Pirates des Caraïbes, Le bal des vampires, Indiana Jones. On voulait créer un héros mythique qui détruit les monstres que sont les loups-garous », raconte Stéphane J. Bureau qui a écrit avec Pierre Daudelin la première version du scénario à l’INIS, un « creuset de collaborations et de chimie », disent-ils, il y a 10 ans.

« En fait, poursuit Daudelin en riant à propos du personnage de Guillaume Lemay-Thivierge, c’est une crapule finie et un héros malgré lui. Un faux jésuite tout ce qu’il y a de plus québécois. C’est quelqu’un qui a commis les sept péchés capitaux et qui pourrait en créer d’autres. »

Ancré dans la vraisemblance

L’histoire se passe au 17e siècle quelque part au nord de la ville de Québec dans un hameau, nommé Beaufort, complètement reconstitué dans la région de Montréal. Plusieurs faits historiques sont respectés dans le film, même le nom de certains personnages, mais cet ancrage dans la vraisemblance sert surtout à rendre crédible une intrigue pleine de rebondissements.

« Historiquement parlant, ça tient la route. Dans le temps des loups-garous, on les voyait comme des hommes qui ne s’étaient pas confessés pendant sept ans et dont le poil poussait par en dedans, le jour, raconte Bureau. Nous, on s’est permis d’inventer une nouvelle explication sur leur origine, crédible pour le public incrédule d’aujourd’hui. »

Qui dit loups-garous dit effets spéciaux. Hybride, la firme montréalaise souvent employée à Hollywood, y travaille... à un tarif québécois !
« Tous les partenaires sont intéressés et très impliqués parce que c’est une trilogie, note Réal Chabot. Il y a des risques, évidemment, mais le scénario est bon et tout le monde est enthousiaste. »

Le poil de la bête est le premier chapitre d’une trilogie qui se poursuivra avec Les enfants de chienne et La mort aux dents. Pour les coeurs tendres, sachez que les héros amoureux survivront aux monstres et feront face à des vampires, dès le deuxième tome.

« C’est la maturité de notre cinématographie nationale, croit Pierre Daudelin, d’investir tous les genres. On sort les personnages québécois de ce qui se passe dans leur maison et leur rue. »

Le poil de la bête sortira sur les écrans en octobre 2010.