Après un téléfilm sur sa vie, une exposition sur son travail d'actrice, l'Allemagne rend hommage à Romy Schneider qui lui avait tourné le dos pour faire carrière en France et devenir une star internationale.


«Nous espérons contribuer à conférer une autre image de Romy Schneider à l'opinion publique» allemande, déclare Daniela Sannwald, la commissaire de «la première grande exposition de Romy Schneider dans la capitale allemande».


Elle rappelle que de son vivant, la comédienne née à Vienne d'une mère allemande et d'un père autrichien, se plaignait d'être réduite par ses compatriotes à l'image candide de Sissi, rôle-titre dans la trilogie du cinéaste autrichien Ernst Marischka qui l'a rendue célèbre.


Le problème a d'ailleurs été soulevé par la fille de l'actrice, Sarah Biasini, qui avant de prêter à Berlin les deux «Césars» (prix du cinéma français) remportés par sa mère en 1976 et 1979, s'est montrée «méfiante face à notre projet», souligne la responsable de l'exposition. Elle estimait «irrespectueuse la façon dont Romy Schneider avait été considérée en Allemagne comme en Autriche».


Selon le S-ddeutsche Zeitung, «la qualité de ses films ne fut reconnue dans sa mère-patrie qu'après sa mort tandis qu'en France, sa patrie d'adoption, elle jouissait déjà d'un statut de star».
Vingt-sept ans après la mort de l'actrice, la cinémathèque de Berlin lui rend un hommage sur 450 mètres carrés avec quelque 275 pièces, dont des photos originales, des extraits de films, des costumes, et des documents provenant en partie de collections privées.


L'exposition, présentée jusqu'au 31 mai 2010, «s'attache à son oeuvre cinématographique, pas à sa vie privée», insiste Daniela Sannwald.


Elle est divisée en cinq parties correspondant à différentes périodes de sa vie professionnelle, de ses débuts sous l'influence de sa mère, l'actrice allemande Magda Schneider, à l'apogée de sa carrière en France, en passant par différents genres cinématographiques auxquels elle s'est prêtée dans les années 1960, notamment dans des comédies américaines aux côté de Jack Lemmon ou Woody Allen.


Ce sont les «années les plus prolifiques» où Romy Schneider, décédée à l'âge de 43 ans en 1982 à Paris, «n'était pas enfermée dans un style», selon Mme Sannwald, et peut-être les moins connues du public.


Ce n'est pas un hasard si l'exposition, qui a nécessité deux ans de préparation, a été baptisée «Romy Schneider. Vienne-Berlin-Paris», les trois capitales ayant marqué la vie de la star et revendiqué chacune son talent.


Sur quelque 150 photos, «60% n'ont jamais été rendues publiques auparavant», affirme-t-elle. C'est le cas de portraits inédits prêtés par les photographes allemands Robert Lebeck et F.C. Gundlach.


Parmi les objets qui retiennent l'attention: une affiche italienne du film français Le Vieux Fusil rebaptisée dans la langue de Goethe Frau Marlene, clin d'oeil à une autre étoile germanophone du cinéma.


Deux rencontres de stars. Romy Schneider écrit à Marlene Dietrich: «Moi aussi, j'ai commencé à Berlin». Et sur la couverture de son exemplaire d'une biographie en allemand sur Romy, Dietrich écrit en grosses lettres au feutre: «Pourvu qu'elle (la biographe) n'écrive pas sur moi!».


L'exposition n'évite pas le mythe Sissi: dans une salle à part, une robe noire originale de l'impératrice Elisabeth d'Autriche datant de 1890 côtoie une robe de bal que portait Romy incarnant Sissi.


Dans leur prolongement, deux autres robes. L'une confectionnée pour le biopic «Romy» diffusé en novembre à la télévision allemande et l'autre pour «Sisi», la nouvelle production germano-austro-italienne du grand classique mais cette fois avec un seul «s», qui sera diffusée en deux parties les 17 et 20 décembre.