Une première vraie comédie familiale pour l'homme qui se bat plus vite que son ombre, pourquoi pas? Arnold Schwarzenegger l'a fait (Jingle of the Way, Kindergarten Cop). Vin Diesel l'a fait aussi (The Pacifier). Au tour de Jackie Chan de franchir cette porte avec The Spy Next Door.

Jackie Chan est à ce point simple, rieur et bon enfant qu'il est très facile d'oublier son statut de star. Une star dont l'éclat atteint des proportions solaires au-dessus des pays d'Orient - où l'homme de cinéma se fait aussi businessman et philanthrope.

Une célébrité aux conséquences parfois pénibles, voire tragiques, a-t-on pu comprendre lors de rencontres de presse organisées en vue de la sortie de la comédie familiale The Spy Next Door. Il a alors rappelé - le plus naturellement du monde et sans appuyer sur la touche pathos - que deux de ses fans se sont suicidées, au début des années 80, quand elles ont appris qu'il allait se marier. Et que quelques années plus tard, pour fuir les paparazzis qui le traquaient, il a décidé de s'installer aux États-Unis et d'y «cacher» sa femme et son fils, alors tout jeune.

«Encore aujourd'hui, dès que je tourne un film ici, un photographe débarque de Hong-Kong pour me suivre. Un mauvais pas, même petit, se retrouve à la une des journaux et un bon coup, même énorme, ne fait l'objet que d'un petit texte », regrette-t-il. On sent là un peu d'amertume.

Puis, il revient à son fils - qui a maintenant 27 ans «et la vie trop facile : tout lui réussit!» - qu'à cause des circonstances (comprendre : les médias), «je ne voyais jamais. Je n'ai jamais joué avec lui », constate celui que les enfants, pourtant, adorent. Sur le plateau de The Spy Next Door de Brian Levant, il a eu l'occasion d'en côtoyer trois pendant 38 jours et de façon intensive: Madeline Carroll, Will Shadley et la petite Alina Foley, qui jouent les enfants d'Amber Valletta.

L'ex-mannequin se glisse ici dans la peau de Gillian, une mère seule qui, malgré la désapprobation de ses enfants, développe un intérêt sentimental pour le voisin, un vendeur de stylos appelé Bob (Jackie Chan).

«À l'écran, on m'a vue en couple avec Kevin James, Gerard Butler, Nic Cage, Michael Keaton... Alors, pourquoi pas Jackie Chan?» s'amuse celle qui, comme les autres, a rapidement succombé au charme de ce nouveau partenaire: «Dès que la caméra tourne, il illumine littéralement le plateau. C'est ce qui fait la magie de sa présence. Mais entre les prises, il est sérieux, professionnel. Très discret aussi - et ce n'est pas à cause de la barrière de la langue.»

Même si pour le principal intéressé, c'est toujours le défi lors du tournage de ses films américains. «Dans ce cas-ci, après, il y avait la présence des enfants, parce qu'ils n'écoutaient pas... surtout la plus jeune! Puis, le cochon, lui aussi n'écoutait rien. Enfin, le chien, le chat et la tortue», dit-il.

Un nerd espion

Parce qu'il y a tout ça dans cette histoire où le voisin aux apparences de nerd s'avère être un espion de haut vol. La marmaille de Gillian, qu'il doit garder pendant quelques jours, découvrira la chose après avoir mis accidentellement la main sur une formule aussi secrète que dangereuse, mise au point par des terroristes russes.

Arrivent ici les cascades et les combats qu'apprécient tant les fans de Rush Hour et autres Shanghai Noon. «On ne dit pas à un Jackie Chan d'exécuter tel mouvement ou tel autre. On lui présente une situation, des accessoires, un adversaire... et on le laisse aller», indique Brian Levant, selon qui Jackie Chan maîtrise l'art de la comédie physique «à la façon des grands du cinéma muet, tels Buster Keaton, Stan Laurel et Oliver Hardy».

Le réalisateur de Beethoven et Are We There Yet? (un habitué des films avec enfants et animaux, quoi!) s'est donc amusé à offrir à sa star des adversaires de gabarits différents - «Le plus grand mesurait plus de 2 m et le plus gros pesait près de 190 kg» - et des armes... disons, inusitées - un vélo d'enfant, par exemple.

«À partir de là, continue Brian Levant, il discute et travaille avec son équipe pendant un bon trois heures. Puis, il arrive avec une scène de combat, ses mouvements et ceux de ses ennemis, des chorégraphies.» Ne reste qu'à tourner (!). Sans blesser personne. «Oh, vous pouvez l'écrire, aucun acteur n'a été maltraité sur le plateau, s'amuse le réalisateur. Aucun enfant ni aucun animal non plus, d'ailleurs.»

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The Spy Next Door (L'espion d'à côté) prend l'affiche le 15 janvier. Les frais de voyage de ce reportage ont été payés par Alliance Vivafilm.