Le cinéaste britannique Mike Leigh, déjà lauréat d'une Palme d'or en 1996 (Secrets and Lies), propose Another Year, drame intimiste rythmé au fil de quatre saisons.

Marqué par de grandes performances d'acteur, le film relate le parcours de Mary (Lesley Manville), célibataire malheureuse trouvant une famille d'adoption chez Gerri (Ruth Sheen), collègue de travail et amie depuis 20 ans. Cette dernière vit un bonheur tranquille et serein auprès de son mari Tom (Jim Broadbent). La façon dont Leigh parvient à intéresser le spectateur par la seule force des personnages et des dialogues est remarquable. 

Cela dit, on pourra trouver un peu pernicieux le sous-texte de cette démonstration. Hors mariage et famille, point ici de salut. Ken (Peter Wight), ami d'enfance de Tom venu passer un week-end chez le couple, est ni plus ni moins une épave. Et trouve sinistre sa condition de célibataire. De son côté, Mary répond en tous points au stéréotype de la vieille fille frustrée. L'auteur cinéaste ne lui donne pas la moindre chance de se faire valoir autrement. Même si ce film affiche des qualités indéniables, son propos est plutôt discutable.

Le vétéran Bertrand Tavernier a présenté en compétition La princesse de Montpensier, drame historique dont les têtes d'affiche sont Mélanie Thierry, Gaspard Ulliel, Grégoire Leprince-Ringuet et Lambert Wilson. Cette production ambitieuse et soignée (la photographie de Bruno de Keyser se distingue particulièrement), campée dans les guerres de religion du XVIe siècle sous le règne de Charles IX, déçoit pourtant grandement. Pour un peu, on se croirait revenu à l'époque de la «qualité française» tellement c'est académique et ampoulé. On est en tout cas loin, très loin des élans romanesques de La reine Margot...

The Housemaid, du Coréen Im Sangsoo (Une femme coréenne), s'attarde à décrire, au sein d'une famille extrêmement bourgeoise, les liens troubles qui se nouent entre une nouvelle gouvernante et l'homme de la maison, jeune chef d'entreprise très fortuné. À la tête d'une jeune famille, cet homme ne peut pourtant résister à l'envie de créer un lien de nature sexuelle avec son employée. Mise en scène élégante, clins d'oeil à l'univers de téléromans et un récit qui ne se détourne jamais de l'aspect charnel de l'affaire. Dommage que le dénouement tombe un peu dans le Grand Guignol. Quand même, The Housemaid reste un très «beau» film.

Il émane une grande dignité d'Un homme qui crie, quatrième long métrage du réalisateur Mahamat-Saleh Haroun. La guerre civile du Tchad résonne de façon intime à travers l'histoire d'un ancien champion de natation, aujourd'hui maître-nageur de la piscine d'un hôtel de luxe, et le fils de ce dernier, appelé à le remplacer. Une émotion tangible, jamais surfaite, surgit de ce drame où les cris, même s'ils sont intérieurs, n'en retentissent pas moins de façon sidérante.