Le ministre français de la Culture Frédéric Mitterrand a déploré jeudi la déprogrammation d'un film israélien dans un réseau de cinémas d'art et d'essai en France, une décision prise après le raid meurtrier sur le convoi d'aide à Gaza qui a suscité une vague de protestations.
 
«Je tiens à vous faire part de mon incompréhension et de ma désapprobation à l'égard de cette décision», écrit Frédéric Mitterrand dans une lettre aux dirigeants du réseau.
 
Cette déprogrammation est «d'autant plus navrante et incompréhensible que le nouveau cinéma israélien a toujours posé un regard lucide et critique sur le conflit israélo-palestinien et n'a jamais éludé ce débat», souligne-t-il.
 
Le réseau de salles art et essai Utopia, fort de six cinémas en France, a annoncé le 4 juin la déprogrammation de la comédie À 5 heures de Paris de l'Israélien Leon Prudovsky, en invoquant des «raisons morales», après le raid israélien meurtrier sur le convoi maritime d'aide à Gaza.
 
Jeudi les responsables du circuit n'envisageaient pas de faire machine arrière, mais se disaient surpris par l'ampleur des protestations en France comme à l'étranger, émanant du monde du cinéma ou d'organisations antiracistes. Le ministère français des Affaires étrangères a aussi «déploré» cette annulation mardi.
 
Dans sa réponse à Frédéric Mitterrand, transmise à l'AFP, Utopia estime que son «geste symbolique et limité dans le temps n'a rien d'une censure» et «ne nuit pas» au film que le réseau diffusera en juillet, à une date non définie.
 
Selon Utopia, cette «déprogrammation ponctuelle» s'inscrit «dans la droite ligne des appels à un boycott plus ou moins radical lancés par Jane Fonda, Ken Loach, certains groupes de rock et des écrivains dont Henning Mankell», le romancier suédois qui était à bord d'un des bateaux de la flottille.
 
Utopia veut aussi organiser des débats avec des réalisateurs israéliens, dont Léon Prudovsky.
 
En attendant, le réalisateur s'est dit «un peu attristé» par la «punition collective» appliquée à son film, l'estimant pris en «otage» par «un groupe radical».
 
«Le film a été censuré : c'est un roman d'amour et parce qu'il est israélien, on lui a appliqué une punition collective. C'est l'erreur de ce réseau de cinéma», a affirmé Leon Prudovsky sur la chaîne Public Sénat.
  
À 5 heures de Paris (Hamesh Shaot me Pariz) relate l'idylle naissante entre deux solitaires, l'une professeur de piano, l'autre chauffeur de taxi.
 
Le film restera visible dans 40 à 50 salles en France où il sortira le 23 juin.