Will Ferrell et le réalisateur-scénariste Adam McKay reprennent le collier pour un quatrième long métrage commun. À leur tandem se joignent des acteurs dont les noms ne sont pas automatiquement associés à la comédie: Mark Wahlberg et Eva Mendes, qui désiraient jouer dans d’autres platebandes. Cela donne The Other Guys qui, pendant un temps, s’est intitulé The B-Team. Incursion dans leur «patrouille».

Tout a commencé à la dernière cérémonie des Oscars. Will Ferrell, Jack Black et John C. Reilly, ces hommes qui prennent la comédie très au sérieux (et elle le leur rend bien), sont montés sur scène pour interpréter Comedians at the Oscar, la chanson que leur avaient composée deux de leurs complices habituellement placés de l’autre côté de la caméra: Adam McKay et Judd Apatow.

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«A comedian at the Oscar / the saddest man of all / Your movie may make millions / but your name they’ll never call» et ainsi de suite, le trio interpellant à tour de rôle les acteurs et actrices en nomination. L’une des cibles de Will Ferrell, Mark Wahlberg: «Where are you? I won’t mess with you, you’re actually kind of bad ass.»

Et Mark Wahlberg de rire. Confirmant ce qu’Adam McKay supposait: le gars avait le sens de l’humour. «En plus, Will et moi avons toujours pensé qu’il était drôle. Il y a des moments, dans Boogie Nights et dans I Heart Huckabees, où il affiche vraiment un sens de la comédie. Nous avions envie de travailler avec lui», a indiqué le réalisateur lors d’une entrevue qu’il a accordée à La Presse dans un hôtel de Los Angeles.

Il restait à tâter le terrain. Un dîner informel dans l’un de ces restaurants que les amateurs de la série Entourage (produite par Wahlberg) ont appris à connaître. Une discussion à bâtons rompus. Découverte d’affinités. Rires.

«J’ai immédiatement senti la chimie entre Mark et Will. Et même, simplement sur le plan physique, ils font une image intéressante», poursuit Adam McKay. À la fin du repas, les deux complices étaient arrivés à la même conclusion: ils devaient faire un film comique avec la vedette de drames tels The Departed, We Own the Night et The Lovely Bones. D’où l’idée, lancée par courriel au producteur Kevin Messick: «Will et Mark sont deux policiers qui travaillent dans l’ombre de deux élites des forces de l’ordre... jusqu’au jour où ils se retrouvent, à leur tour et par la force des choses, sous les projecteurs. Tu en penses quoi?»

Le producteur en a pensé qu’il y avait «un film dans ces quelques lignes». C’est ainsi qu’Adam MacKay s’est attelé au scénario, avec Chris Henchy. The B-Team - finalement devenu The Other Guys pour ne pas causer de confusion avec The A-Team, autre comédie policière au programme de l’été 2010 - est devenu l’histoire des détectives Terry Hoitz (Wark Wahlberg) et Allen Gamble (Will Ferrell).

Le premier est un vieux routier qui, à la suite d’une erreur, se voit imposer comme partenaire le second, un gratte-papier qui n’a jamais dégainé son arme. Ensemble, contre toute attente, ils vont avoir du succès dans une affaire de crime financier qui tourne autour d’un certain Ershon (Steve Coogan) - et toute ressemblance phonétique avec le nom d’un célèbre bandit à cravate n’est pas fortuite.

«Nous ne voulions pas écrire un buddy cop movie de plus, poursuit Adam McKay. Nous visions plus la comédie d’action mettant en scène deux policiers. Mais nous voulions aussi quelque chose de nouveau dans ce genre-là. Or, au cinéma, tous les crimes ont déjà été exploités - sauf le crime financier... parce qu’il n’est pas très cinématographique. Le défi nous a plu.»

De l’improvisation

Un défi de plus, donc. Car il y avait aussi la présence dans la distribution de deux débutants en improvisation - Mark Wahlberg et Eva Mendes, qui incarne la femme de Will Ferrell - alors que, sur les plateaux que dirige Adam McKay, on improvise allègrement. «J’ai passé beaucoup de temps avec eux avant le début du tournage. Je leur ai expliqué que la chose la plus importante pour être capable d’improviser, c’est d’être prêt à se jeter à l’eau, à essayer, à échouer, à vivre avec l’échec et à recommencer. Les gens qui ne peuvent improviser sont ceux qui ne veulent pas rater leur coup et qui, alors, pensent trop, ne se laissent pas aller. Ils restent trop dans leur tête.»

Impossible, alors, d’arriver à une histoire complètement déjantée à propos... disons, d’un lion qui se bat contre un thon. C’est une des scènes, délirantes, de The Other Guys. Will Ferrell s’en donne à cœur joie - et sa folie est contagieuse. Mais il partait avec une longueur d’avance sur ses partenaires: il a confiance en Adam McKay. Il sait que le cinéaste veut leurs erreurs. «Parce que s’ils font des erreurs, ils sont sur la bonne voie. Mais pour ça, il ne faut pas avoir un gros ego», assure le réalisateur qui estime que de 20 à 25% de ce qui apparaît à l’écran pendant The Other Guys est le fruit de ces improvisations.

C’est moins que dans Step Brothers, Anchorman et Talladega Nights, ses autres collaborations avec Will Ferrell. «C’est que ce film-ci est différent, l’intrigue y occupe plus de place et il y a une somme d’informations à donner pour que le résultat soit cohérent.»Cohérent. Ce qui, entendons-nous bien, n’est pas synonyme de sérieux ou de moins rigolo: Ferrell et Wahlberg forment un très, très drôle de couple. Qu’il ferait bon de retrouver un de ces quatre.

The Other Guys (Les renforts) prend l’affiche le 6 août.

Les frais de voyage ont été payés par Columbia Pictures.