Le public de Namur a réservé un accueil chaleureux jeudi soir au film Incendies de Denis Villeneuve, diffusé en présence du réalisateur et de la comédienne belge Lubna Azabal.

Le public namurois a exprimé son appréciation par de longs applaudissements durant le défilement du générique. Villeneuve et Lubna Azabal ont de nouveau été applaudis en se rendant en avant de la scène pour répondre à quelques questions.

La salle du Caméo 1, une des plus grandes du Festival international du film francophone (FIFF) avec 500 sièges, était remplie aux trois quarts.

Diane Couturier, une Montréalaise rencontrée sur place avec sa fille, était émue et sonnée à la suite de la présentation du film. «Ça nous fait un velours en dedans de savoir que ce film a été réalisé par un Québécois», a-t-elle dit.

Après la projection, il y a eu échange de questions et de réponses avec le public. Un échange qui a débuté lentement. Au départ, personne n’a levé la main chez les gens demeurés à leur place. Une animatrice a pris les choses en main afin de réchauffer l’auditoire. Tout vêtu de noir, droit comme un i, le regard franc et la voix douce, Villeneuve s’est prêté avec attention à l’exercice.

Il a expliqué aux spectateurs son coup de foudre pour la pièce de Wajdi Mouawad, son amitié pour l’auteur et son désir de faire un film après avoir vu Incendies au théâtre. Il a aussi évoqué le fait que Mouawad n’a pas participé à la version cinématographique. «Il m’a dit que j’allais souffrir comme lui, qu’il était trop occupé pour y travailler et qu’il s’en allait à Paris», a raconté Villeneuve, une remarque qui a fait éclater quelques bons rires dans la salle.

Un peu plus tard, en entrevue à La Presse, le réalisateur a indiqué qu’un des réactions classiques de plusieurs spectateurs à la sortie d’un film aussi intense est de se refermer dans un long moment de recueillement.

«Ce dont on m’a souvent témoigné, chez les gens qui ont vu le film, est qu’ils ont besoin de recueillement une fois celui-ci terminé, a-t-il indiqué. C’est ce que j’ai fait à la fin de la pièce de Wajdi. Je suis sorti et j’ai marché durant deux heures sans dire un mot. J’avais le sentiment de vivre un moment sacré par rapport au théâtre. Dans ce que je reçois comme réactions à mon film, c’est que les gens ont une boule d’émotions assez costaude. Donc, dans les échanges, les gens sont davantage dans l’introspection.»

Le marathon

Denis Villeneuve est très aimé par les organisateurs du FIFF et apprécie également ce festival où il a connu du succès par le passé. En 1998, son film Un 32 août sur terre avait remporté le Bayard d’Or (grand prix) des longs métrages. Et l’an dernier, son film Polytechnique avait remporté le Bayard d’Or de la meilleure photographie.

Son passage à Namur n’aura duré que 24 heures. Après avoir fait l’aller-retour entre Montréal et Ottawa la veille, il a pris l’avion pour Paris où il s’est posé hier matin. Ont suivi trois heures de voiture entre Paris et Namur. Dès qu’il est arrivé, Villeneuve a été happé dans une ronde d’entrevues avec les médias.

À la suite de la projection, lui et son équipe étaient invités à une réception officielle. Il revient à Montréal dès aujourd’hui mais s’envolera la semaine prochaine pour Pusan en Corée du Sud et Abou Dhabi pour participer à d’autres festivals.
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Les coûts de ce reportage sont défrayés par le FIFF.